Je m’appelle Blue – Solomonica de Winter

Après « La Maladroite » et « Je me suis tue », encore un premier roman, écrit par une auteur de dix-huit ans : « Je m’appelle Blue » de Solomonica de Winter.

J’avais repéré ce roman dès sa sortie, puisque Solomonica de Winter est la fille de Leon de Winter, un écrivain dont j’avais particulièrement aimé « Le Droit au Retour ». Si l’auteur est hollandaise,  » Je m’appelle Blue » a été écrit en anglais. Blue est une adolescente dont on sait dès le début du livre qu’elle a commis un crime. La vie de Blue a été marquée par un drame : son père, restaurateur, a été tué il y a cinq ans en essayant de braquer une banque pour rembourser des dettes contractées auprès d’un certain James qui voulait s’emparer de son restaurant.  Blue et sa mère sont alors parties pour Miami, où la mère alterne depuis entre drogue et désintoxication, tandis que Blue a arrêté de parler et est obnubilée par un livre que lui avait confié son père juste avant sa mort, un exemplaire du Magicien d’Oz. Lorsque mère et fille reviennent dans leur ville d’origine, Blue ne pense plus qu’à une chose, retrouver James qu’elle juge être responsable de tous leurs malheurs, et le tuer pour se venger.
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Solomonica de Winter

« Je m’appelle Blue » est un roman intéressant, porté par une jeune héroïne solitaire comme je les aime. Dans cette confession au long cours, Blue nous raconte son quotidien, que seul son désir de vengeance semble rythmer puisqu’elle passe tout son temps libre à suivre le fameux James afin de déterminer quel sera le meilleur moment pour le tuer. Blue est enfermée dans sa haine et dans sa tête puisqu’elle n’arrive plus à parler. Son attitude envers sa mère toxicomane oscille entre colère et pitié, et elle n’a aucun ami, elle est rejetée à l’école à cause de son attitude mutique et de son attachement démesuré pour le livre du Magicien d’Oz qu’elle trimbale partout. Seuls quelques adultes qui étaient des amis de son père lui témoignent un peu de bienveillance mais c’est seulement à partir de sa rencontre avec Charlie, un vendeur d’épicerie un peu plus âgé qu’elle qui lui aussi est fan du Magicien d’Oz, mais en version cinématographique, que Blue va s’humaniser et s’ouvrir au monde et aux sentiments positifs.

Le personnage de Blue est touchant et il y a une certaine tension qui règne dans ce roman même si l’on sait dès le départ que la jeune fille est passée à l’acte et a commis un crime. On se demande comment elle a tué, dans quelles conditions, et pourquoi l’amour ne l’a pas détournée de cette voie sanglante. L’intrigue révèle d’ailleurs quelques rebondissements, dont un rebondissement final assez surprenant. Pourtant ce livre, s’il est prometteur, n’évite pas les maladresses, avec notamment cette confession adressée à un médecin, qui m’a semblé assez scolaire avec cette redondance de « docteur » tout le long du récit qui n’apporte rien. Un récit certes à la première personne mais sans interlocuteur précis aurait à mon avis donné plus de force à ce roman. Blue étant très renfermée sur elle-même et avec des centres d’intérêts limités – le Magicien d’Oz, la vengeance – le récit tourne un peu en rond parfois car ce sont toujours les mêmes thèmes qui reviennent sans cesse, du moins avant qu’elle ne rencontre Charlie, ce qui alourdit le texte.

« Je m’appelle Blue » de Solomonica de Winter est donc un premier roman prometteur même s’il n’est pas exempt de maladresses. Il a le mérite de créer une ambiance particulière et de se baser sur un personnage principal original et à vif, et de jouer avec le lecteur en lui livrant une intrigue tout sauf linéaire. Des défauts mais une auteur à suivre.

Publié le 3 Septembre 2015 aux Editions Liana Levi, traduit par Jean-Luc Defromont , 224 pages.

38e participation au Challenge 1% Rentrée Littéraire 2015 organisé par Hérisson

4 commentaires sur “Je m’appelle Blue – Solomonica de Winter

  1. Un livre qui ne me tente pas trop.
    Comme tu as l'air de lire des premiers romans en ce moment, je ne peux que t'inciter à lire trois excellents premiers romans,dans des genres complètement différents, "Les échoués" de Pascal Manoukian,"Camille, mon envolée" de Sophie Daull et "Appartenir" de Séverine Werba.
    Des petits bijoux…

  2. @ Joelle : Camille mon envolée est dans ma PAL médiathèque, j'ai également repéré Les Echoués, mais je ne connaissais pas Appartenir…merci pour ces bons conseils!

    @ Delphine: je ne suis pas sûre en effet que ce roman te plairait…en tout cas l'auteur est prometteuse et je vais suivre attentivement ses prochaines sorties

    @ Tant qu'il y aura des livres : en effet! d'autant plus que vu son âge, le roman est déjà bien maitrisé

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