« Le Livre d’Aron » de Jim Shepard est un livre qui n’a pas beaucoup fait parler de lui en France – il semble avoir eu plus de succès aux Etats-Unis – et que j’ai emprunté un peu par hasard à la médiathèque. Ce roman nous raconte l’histoire d’un petit garçon enfermé dans le ghetto de Varsovie, et qui rencontre Janusz Korczak, le pédiatre et pédagogue polonais, dont le nom est passé à la postérité.
Aron, un petit garçon juif polonais, a une huitaine d’années lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate. Après l’invasion allemande, il se retrouve enfermé avec sa famille dans le ghetto de Varsovie. Il se lie rapidement d’amitié avec deux garçons et deux filles de son âge, avec qui il va faire les 400 coups, volant, trafiquant, et négociant avec la police juive du ghetto pour nourrir sa famille, luttant comme il peut pour échapper au typhus, à la faim et aux rafles. Il va un jour rencontrer l’une des figures du ghetto, Janusz Korczak, célèbre pour ses émissions à la radio et pour sa vision moderne de la pédagogie, qui, en tant que pédiatre, est à la tête de l’orphelinat du ghetto, qui compte 200 enfants.
« Le Livre d’Aron » est un roman qui m’a laissé un sentiment mitigé. J’ai beaucoup aimé le personnage d’Aron, ce petit garçon qui fait ce qu’il peut pour survivre, quitte à commettre forfait sur forfait. Avec sa petite bande, il est une sorte de Tom Sawyer du ghetto, et les scènes et les descriptions sont vraiment vivantes et passionnantes, tant dans l’organisation des méfaits que dans la fuite devant les trois polices auxquelles les enfants sont confrontés : la police allemande, la police polonaise et la police juive du ghetto. Jim Shepard a très bien su recréer le ghetto, ses règles, son désespoir, la promiscuité qui y règne, la faim, le froid et la maladie, les coups arbitraires et les rafles.
Mais, peut-être parce que le personnage principal – qui est aussi le narrateur – est un petit garçon, j’ai eu du mal à vraiment entrer dans le roman, ayant un peu l’impression de lire un livre pour enfants ou adolescents (mais de qualité, à la « Castor Poche »), impression encore accentuée par cette couverture orange criarde et enfantine. J’attendais beaucoup de l’apparition dans le roman de Janusz Korczak, que je connaissais pour son implication auprès des enfants du ghetto. Pourtant, même si le livre montre bien la modernité de Korczak, engagé notamment pour le respect des droits de l’enfant, et son grand dévouement pour s’occuper des orphelins du ghetto, l’homme m’a semblé avoir une personnalité assez étrange, d’après les descriptions qui en sont faites dans le roman, et j’ai eu du mal à m’attacher à lui – alors que c’était un grand homme admirable.
Il n’y a pas tellement de romans qui se passent dans le ghetto de Varsovie – à part « Le Livre d’Aron » de Jim Shepard, je n’ai lu que « Le Pianiste » de Wladyslaw Szpilman, qui mentionne d’ailleurs Janusz Korczak – et je pensais m’intéresser plus à ce livre, mais je l’ai lu avec un détachement que je ne pensais pas ressentir devant un roman parlant d’enfants dans le ghetto. Il y a quelque chose qui ne m’a pas totalement convaincue dans ce livre, sans pour autant l’avoir trouvé inintéressant, ennuyeux ou encore mal écrit. Je pense qu’il conviendrait mieux à un public plus jeune et que je l’aurais plus apprécié si je l’avais lu en tant qu’adolescente…
Publié le 11 février 2016 aux Editions de l’Olivier, traduit par Madeleine Nasalik, 240 pages.
29e participation au Challenge Rentrée Hiver 2016 organisé par Laure de Micmélo.
J’ai acheté ce roman à sa sortie, lu les premières pages et n’ai pas été convaincue par cette voix, moi non plus. Mais je pense cependant que j’y retournerai.
je me suis demandée si tu l’avais lu, mais je n’avais rien vu passer sur ton blog…je sais maintenant pourquoi 🙂
intéressant ton avis, à savoir que le choix narratif t’a empêché de rentrer dans « l’histoire » – je crois que ta chronique a suffit pour me dire que non,ce roman n’est pas fait pour moi (je l’ai cependant déjà vu et je ne m’attendais pas du tout à un roman pour ado)
ps : c’est bête, mais quand tu dis que tu as lu sur le ghetto uniquement le Pianiste .. tu as sûrement lu Au nom de tous les miens de Martin Gray ? à lire absolument sinon, il était aussi enfant et très débrouillard mais j’avais vraiment aimé sa prose (il raconte aussi sa deuxième vie en France)
Ce n’est pas vraiment un roman pour ado mais c’est l’impression que j’en ai eue … Et figure toi que non, je n’ai jamais lu Martin Gray ! Du coup je le tenterais bien
Pas très tentée… Mais il faut reconnaître que tu n’as pas tout fait pour inviter à la lecture 😉
Voilà 😉
Je n’avais pas encore repéré ce roman, et je crois que je ne vais pas m’en approcher davantage…
Ce n’est pas le roman sur la Seconde Guerre Mondiale qui m’a le plus passionnée en effet