Je vous l’ai déjà assez dit, j’aime beaucoup la littérature américaine, et notamment les publications de Terres d’Amérique. « Goodbye Loretta » de Shawn Vestal est un premier roman qui traite d’un sujet assez original, puisque l’héroïne est une adolescente mormone dans les années 70.
Loretta a quinze ans et vit dans l’Arizona avec ses parents, qui sont des mormons fondamentalistes. Un style de vie qui contraste avec celui des années 70 aux Etats-Unis, plutôt synonymes de libération des mœurs et de rock’n’roll. Loretta a conscience de ce décalage, auquel elle est confrontée lors de ses escapades nocturnes pour rejoindre ses amis, notamment un homme plus âgé qui voudrait qu’elle s’enfuit avec lui. Lorsque les parents de Loretta s’aperçoivent qu’elle fait le mur, ils la marient rapidement à un homme de leur communauté, Dean Harder. Les mormons fondamentalistes pratiquent la polygamie, et Loretta sera donc une « épouse soeur », la deuxième épouse de cet homme beaucoup plus âgé qu’elle, qui a déjà une femme, Ruth, et sept enfants. Mais quelques temps après le mariage, le père de Dean décède, et Dean décide de déménager pour s’installer dans la maison de son enfance. Dans cette communauté, les gens sont également mormons mais beaucoup plus ouverts sur le monde, et ils voient d’un très mauvais oeil les comportements extrémistes des fondamentalistes et leur polygamie. Loretta est donc présentée comme la nièce de Ruth. Elle rencontre dans cette nouvelle communauté Jason, le fils du frère de Dean, un adolescent de son âge qui voue un culte au cascadeur Evel Knievel…
« Goodbye Loretta » est présenté comme un road-trip, ce qui est trompeur, car le road-trip n’a lieu que sur la fin, et ne représente pas une part conséquence de ce récit. Ce roman est plutôt le portrait d’une jeune fille dans un contexte rigide qui va à l’encontre de son caractère d’adolescente ayant envie de faire des expériences, de découvrir le monde, et de cette époque de liberté. Pour autant, le roman n’est pas manichéen, certes la vie chez les Harder est très particulière mais Loretta n’y est pas malheureuse pour autant et y voit des points positifs, notamment sa relation avec les enfants, auxquels elle est attachée. « Goodbye Loretta » nous raconte également une période où la jeune fille découvre sa sensualité et son pouvoir sur les hommes … cependant le road trip ne sera pas à la hauteur de ses espérances.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Loretta, et toute la partie qui se passe chez les mormons, un univers que j’ai peu l’habitude de rencontrer en littérature. La lecture de « Goodbye Loretta » est vraiment plaisante, on n’est pas dans le misérabilisme malgré l’univers particulier qui est décrit. Dommage que le roman souffre d’un déséquilibre entre la partie « mormone » et la partie « road trip », en terme de nombre de pages, mais aussi de qualité, m’a-t-il semblé. j’ai trouvé cette dernière partie plus poussive, moins réussie. Les interventions du cascadeur Evel Knievel – qui a réellement existé – ne m’ont pas paru indispensables, même si ce personnage joue un rôle dans l’histoire.
Malgré ces bémols, « Goodbye Loretta » de Shawn Vestal est un roman original, qui a du charme. Une plongée intéressante dans l’univers mormon et un auteur dont je suivrai les futures publications !
Merci à Francis Geffard et Carol Menville !
Publié en Mars 2018 chez Albin Michel, traduit par Olivier Colette, 352 pages.
22e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2018.
Je lis les mêmes bémols qu’Electra. Ça me donne moins envie de m’y mettre. Il est dans ma pal, mais je vais laisser passer un peu de temps, je crois…
c’est vrai qu’il est un peu bancal ce livre, mais il a un charme certain!
Moi, j’ai été charmée par ce roman ! Il a certes quelques défauts mais quelle plongée dans un monde méconnu – et les désirs d’une adolescente sont assez justement décrits.
J’aimerais vraiment connaître la suite de l’histoire !
oui c’est vrai que ça se finit un peu brutalement, et qu’on aimerait bien savoir ce que Loretta va devenir !