Le Mars Club – Rachel Kushner

Il y a trois ans, j’avais découvert Rachel Kushner avec son deuxième roman (après « Telex de Cuba ») « Les Lance-Flammes »…et malheureusement, alors que les sujets abordés m’intéressaient beaucoup, je n’avais du tout accroché à ce roman! Malgré cette déception, j’avais envie de tenter de nouveau ma chance avec cette auteure, et c’est chose faite avec son nouveau roman, « Le Mars Club ».

Romy Hall, vingt-neuf ans, a été condamnée à purger deux peines de perpétuité pour avoir tué un ancien client du club de strip-tease où elle travaillait, le Mars Club, qui la harcelait. C’est la mère de Romy qui a la garde de son jeune fils…jusqu’au jour où la prisonnière apprend que celle-ci vient de décéder dans un accident. Sans autre famille, le garçon a été placé, et Romy, déchue de ses droits parentaux, n’a accès à aucune information. Elle décide de tout faire pour le retrouver, et compte sur l’aide de Gordon, un jeune professeur qui a repéré son goût pour la littérature et lui fournit des livres en cachette…

Difficile de ne pas penser à « Orange is the New Black » en lisant « Le Mars Club », avec notamment un personnage transsexuel victime de rejet et de violence qui m’a rappelé Sophia ou encore cette toute jeune fille enceinte, comme Daya, dans cette série qui se déroule dans le milieu carcéral féminin. Sauf que l’héroïne d’Orange is the New Black est condamnée à une courte peine alors que les personnage du « Mars Club » n’ont pas de vraies perspectives d’avenir à part celle de mourir en prison. Des femmes souvent cabossées par la vie, souvent victimes avant d’avoir été coupables, même si on rencontre également de vrais personnages de films noirs, comme celui de Betty La France. Elles vivent désormais dans la promiscuité de la prison, avec ses décisions arbitraires, ses situations ubuesques ou honteuses (les prisonnières enfermées dans des cages) , ses rapprochements et ses inimités.

De nombreux flashbacks nous racontent la jeunesse de Romy à San Francisco, et il n’y a ici aucun misérabilisme : la jeune femme est dès l’adolescence sur le fil du rasoir, faisant les quatre cents coups avec sa meilleure amie, mais c’est également une grande lectrice, une femme relativement cultivée, qui n’est pas une marginale – son ex petit ami est professeur à l’université…Même si Romy apparait comme le personnage principal, elle n’est cependant pas la seule narratrice de ce roman : Gordon, son professeur, est également mis en avant, et on suit notamment son installation dans une maison isolée, perdue en pleine nature, le jeune homme étant un admirateur de Thoreau. Sont aussi cités des écrits du terroriste Ted Kaczynski, surnommé Unabomber, qui est le seul terroriste pour lequel j’éprouve un certain intérêt (il fait l’objet d’une série télé, « Manhunt : Unabomber »). Et puis il y a le personnage de Doc, un flic ripoux qui a été lié à une codétenue de Romy, qui se trouve dans le couloir de la mort…

J’ai vraiment été happée par ce livre, tant par les thèmes traités, vraiment intéressants, que par la force de l’écriture et des scènes décrites (la scène d’ouverture vaut vraiment le détour). Alors que « Les Lance-Flammes m’avait tenue à distance, je me suis complètement immergée dans ce récit : je me suis attachée au personnage de Romy, qui se retrouve dans une situation extrême mais à laquelle on peut relativement facilement s’identifier. J’ai trouvé que l’auteure prenait le temps de développer ses personnages, de mettre en place les situations, les ambiances, pour livrer un roman fort et marquant. Chapeau!

Publié en Août 2018 chez Stock, traduit par Sylvie Schneiter, 480 pages.

7e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2018

18 commentaires sur “Le Mars Club – Rachel Kushner

  1. Contrairement à toi, j’ai beaucoup aimé Les lance-flammes. D’ailleurs pour que tu reviennes vers cette auteure malgré ta déception, quelque chose avait dû t’interpeller dans son précédent titre… ! Du coup, j’ai doublement envie de lire celui-là. Quant à Telex de Cuba, je crois que je m’étais abstenue suite à plusieurs avis négatifs, mais cela m’intéresse de connaître le tien si tu le lis.

    1. oui, je n’avais pas accroché au traitement et au style, mais les thèmes abordés m’intéressaient beaucoup ! Je lirai Telex de Cuba mais je ne sais pas quand, avec le prix ELLE je suis bien occupée 😀

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