J’ai beaucoup lu Nina Bouraoui quand j’étais plus jeune, et puis j’ai arrêté, je ne sais pas bien pourquoi, il y a quelques années. Son dernier livre, « Tous les hommes désirent naturellement savoir », m’a en revanche donné envie de renouer avec cette auteure, et j’ai bien fait, car c’est un ouvrage qui m’a beaucoup plu.

Pour ceux qui sont familiers de l’oeuvre de Nina Bouraoui, cet ouvrage reprend les thèmes qui lui sont chers : l’enfance en Algérie, l’homosexualité, les premières amours, la mère, la violence. Découpé en une succession de très courts chapitres nommés « Se souvenir », « Devenir », « Savoir », « Etre », le récit retrace les premières années de l’auteure, de l’enfance en France et en Algérie jusqu’à la découverte du milieu homosexuel féminin à Paris lorsqu’elle a dix-huit ans, dans une boîte de nuit nommée le Kat.

Nina Bouraoui a cette capacité à recréer des atmosphères, et des émotions complexes avec des mots simples. Les histoires s’entremêlent et se font écho : les amours interdites des parents – lui, Algérien, elle, Française – et celles de Nina, homosexuelle ; la sensation de décalage de la mère, blonde et blanche en Algérie et celle de Nina, qui dès l’enfance se sait et est perçue comme différente ; la violence sexuelle, que ce soit celle vécue en France dans l’enfance par la mère de Nina, ou à l’âge adulte dans les rues en Algérie.

Le texte est très accessible, mais aussi très riche, avec de nombreux thèmes abordés : les premières amours, l’identité sexuelle, la découverte d’un milieu exclusivement féminin, dans toute sa dureté et sa complexité…j’ai trouvé le rythme plus fluide, moins saccadé que dans les précédents romans de Nina Bouraoui que j’avais en tête.

« Tous les hommes désirent naturellement savoir » de Nina Bouraoui est donc une excellente surprise, il m’avait été chaudement recommandé, et je suis contente d’avoir suivi ce conseil et de l’avoir lu. 

Publié en Août 2018 chez JC Lattès, 256 pages.

41e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2018.

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