« Les Amazones » est le dernier roman de Jim Fergus, paru il y a quelques mois en France (il est encore inédit aux Etats-Unis) : c’est le dernier tome de la trilogie initiée par « Mille Femmes Blanches » il y a vingt ans.
Le récit alterne entre 1876 avec les carnets de May Dodd et Molly McGill, et l’époque actuelle lorsque Molly Standing Bear partage ces carnets avec Jon Dodd, qui avait publié les précédents dans son magazine. Tous deux sont les descendants de ces femmes qui ont tenu ces journaux.
Je n’avais encore jamais lu d’ouvrage de Jim Fergus et je pense avoir fait une erreur en commençant directement par « Les Amazones ». Cela s’explique par le fait que j’ai eu l’occasion de rencontrer l’auteur pour la sortie de ce livre, et c’est dans ce contexte que je l’ai lu. En effet, si je connaissais l’histoire racontée par « Mille Femmes Blanches » (en 1874, mille femmes blanches, la plupart venant d’asiles ou de pénitenciers sont troquées avec les Indiens contre des chevaux et des bisons ), je ne connaissais pas les personnages et ce qui leur était arrivé, or le roman ne présente aucun récapitulatif des tomes précédents et le récit commence en pleine action : j’ai donc eu des difficultés à entrer dans l’histoire et ma compréhension en a souffert.
Je pensais que cette trilogie était basée sur des faits réels et j’ai appris récemment qu’il n’en était rien et que c’était une invention de Jim Fergus, mais cela n’a pas nui à mon plaisir de lecture, le récit étant suffisamment riche en personnages, relations et rebondissements. L’histoire regorge de femmes fortes, que ce soit en 1876 ou à l’époque actuelle avec Molly Standing Bear. D’ailleurs ce personnage mériterait à mes yeux un roman à lui tout seul car il est particulièrement intéressant et a le mérite de mettre en lumière les difficultés auxquels sont confrontés les Amérindiens encore aujourd’hui, et tout particulièrement les femmes, particulièrement affectées par les violences.
Je n’ai pas pu apprécier ce roman autant que je l’aurais voulu, mais c’est dû au contexte dans lequel je l’ai lu plus qu’au récit en lui-même. « Les Amazones » m’a cependant donné envie de découvrir « Mille Femmes Blanches » – malgré l’avis mitigé de mes camarades de Bibliomaniacs dans leur émission de Novembre 2019 (à laquelle je n’ai exceptionnellement pas participé), et si le thème vous intéresse, je vous conseille de commencer par ce premier tome.
Publié en Septembre 2019 au Cherche-Midi, traduit par Jean-Luc Piningre, 374 pages.
27e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2019.
Merci à Léa du Picabo River Book Club et aux éditions du Cherche-Midi pour cette lecture!
j’ai lu Mille Femmes mais mes amis amérindiens n’avaient pas été (à l’époque) enchantés par le récit de Fergus – j’ai écrit un billet (je ne sais plus) dessus où j’expliquais aussi ce qui me gênait mais je sais pour avoir vu un documentaire sur l’auteur qu’il est vraiment ouvert et passionné par la question et donc je pense qu’il s’agit d’une incompréhension. Après, je n’ai pas souhaité lire la suite mais si ce dernier opus met en avant les difficultés rencontrées aujourd’hui par la nation indienne, pourquoi pas ? il y a bien eu des enlèvements ponctuels (souvent d’enfants blancs) par les Cheyenne ou les Apaches mais il n’y a jamais eu ce genre d’accord. Par contre, il y a eu l’envoi de milliers d’orphelins des grandes villes vers les nouvelles terres et les fermiers comme main d’oeuvre à une époque (j’ai lu un livre dessus) si ça t’intéresse !
au début je pensais vraiment que l’échange avait eu lieu, c’est lors de ma rencontre avec Jim Fergus que j’ai compris qu’il avait inventé cette histoire…effectivement je l’ai trouvé très bien, sincère et passionné, mais je pense que de façon générale, quel que soit le groupe concerné, on n’aime pas trop que quelqu’un extérieur au groupe invente une histoire qui nous concerne, surtout quand a fortiori ça devient un best-seller…
dans ce 3e tome, à l’époque actuelle, une femme amérindienne dénonce en effet dans un ou deux chapitres le fait que les statistiques concernant les violences (physiques et sexuelles) sur les femmes amérindiennes soient incroyablement hautes (de mémoire, 84% des femmes amérindiennes ont été victimes de violence)
ton commentaire me fait penser qu’il faut que j’écrive mon billet sur un livre qui dénonce l’histoire des « orphelins de la Creuse »…
Hein, l’histoire de Mille femmes blanches n’est pas basée sur un fait réel?
Je tombe des nues! C’était le commentaire inutile du jour.
sur Instagram aussi, ça a fait réagir ! en fait, un chef indien avait demandé cet échange (qui ne concernait pas 1000 femmes, mais bien moins), mais il a été refusé par le gouvernement, et ça s’est arrêté là. Jim Fergus a imaginé que c’était accepté.
Tout ça est très intéressant, l’article, le commentaire d’Electra, je n’ai pas lu les romans de Fergus. Je ne sais pas si je le ferai, surtout s’il y a des inexactitudes… Le livre dont parle Electra pourrait m’intéresser en revanche.
il faut partir du postulat que c’est une fiction, et ça passe tout seul! mais c’est vrai qu’Electra et Marie-Claude m’ont convertie à la non-fiction et à la culture amérindienne donc je cherche d’autres livres sur le sujet !