En 2017, j’avais eu un coup de cœur pour « Et soudain, la liberté », livre dans le cadre duquel Caroline Laurent était passée d’éditrice à écrivain pour continuer et compléter le livre d’Evelyne Pisier : j’avais beaucoup aimé ses interventions, et les chapitres où elle prenait directement la parole, ainsi que le résultat final, riche et original, et j’étais donc ravie de la retrouver avec « Rivage de la Colère », son propre projet, qui fait également écho à ses origines mauriciennes.
« Rivage de la Colère » est une oeuvre de fiction, mais basée sur des faits historiques réels. Le récit se déroule d’abord sur l’île de Diego Garcia, qui fait partie de l’Archipel des Chagos, appartenant à la colonie britannique de Maurice, et c’est une histoire d’amour qui nous est racontée, entre Marie, une jeune Chagossienne, mère célibataire d’une petite fille, et Gabriel, un fonctionnaire issu de la bourgeoisie mauricienne qui vient prendre son poste à Diego Garcia. La jeune femme tombe rapidement enceinte, et accouche d’un petit Josephin, à la grande joie de Gabriel, qui s’en occupe beaucoup, tout en cachant sa paternité à son père, qui vit sur l’île Maurice et n’apprécierait pas que son fils soit en couple avec une fille-mère noire issue d’une famille de cultivateurs . Mais Gabriel apprend via ses fonctions une information confidentielle : dans le cadre de l’indépendance de l’île Maurice, qui vient d’être votée, l’Archipel des Chagos en est détaché pour devenir un territoire britannique, et Diego Garcia va être mis à disposition des Etats-Unis pour qu’ils puissent y construire une base militaire : tous ses habitants vont donc devoir quitter l’île, de gré ou de force…
Le récit alterne entre l’histoire de Gabriel et Marie dans les années 60 et 70, et le combat de Joséphin, plusieurs décennies plus tard, pour que les Chagossiens puissent enfin retourner sur leur archipel. Je n’avais jamais entendu parler de Chagos et du combat de ses habitants, qui ont été empêchés de retourner dans leur île, voire expulsés, et se sont également retrouvés apatrides… »Rivage de la Colère » est un roman très riche – outre l’aspect historique et politique, que ce soit à Chagos ou sur l’île Maurice, qui vit au moment du récit ses premières années d’indépendance et qui est peuplée de communautés d’origine et de religion diverses, qui cohabitent sans vraiment se mélanger – il aborde de multiples thèmes : les amours impossibles, le métissage, les filiations non biologiques, l’exil, l’injustice, l’exploitation de la pauvreté et du manque d’instruction…
J’adore les sagas familiales et les romans où la petite histoire rencontre la grande, et j’ai donc vraiment beaucoup aimé « Rivage de la Colère » qui est de plus très bien construit et très bien écrit. Un vrai plaisir de lecture qui m’a également permis de connaître le combat des Chagossiens.
Publié en Janvier 2020 aux Escales, 256 pages.
1ère lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2020.
100 % sur la même ligne que toi 😉
j’en étais sûre ! 🙂
Intéressant! Je verrai si l’occasion se présente 😉
je te le conseille vraiment !
On le voit partout ce livre en de début d’année et chaque article me donne un peu plus envie de le lire.
oui il est sorti le 9, donc il y a un déferlement de billets 😀
Merci beaucoup pour ta lecture très fine !
merci pour ton message Caroline !
J’avais aussi eu un coup de cœur pour son premier livre et je n’ai pas attendu pour acheter celui-ci ! Je le commencerai dès que j’aurai terminé ma lecture actuelle. J’ai hâte !
bonne lecture, j’espère qu’il te plaira !
Très réussi, oui. Je l’ai terminée très émue et assez médusée de n’avoir rien su du destin des chagossiens jusqu’à présent.
oui c’est fou, je n’en avais pas entendu parler !
Je le vois partout, celui-là… et chaque fois, je suis tentée.
tu vas bien finir par céder ! 😀
je le vois partout depuis les repérages des autres blogueuses. J’ignorais de quoi ça parlait, mais j’ai entendu parler de ces apatrides (malheureusement ce ne sont pas les seuls…) j’avais aimé son premier livre (avec le bémol de ne pas y retrouver la sœur aînée …) mais je vais attendre qu’il soit moins à la une et dispo à la BM. Je pense donc que je le lirai sans doute cet été !
cet été, ce sera parfait !