Si je connaissais Linda Lê de nom, je n’avais encore jamais eu l’occasion de la lire et « Je ne répondrai plus jamais de rien », sa dernière parution (chez Stock et non plus chez Christian Bourgois), est donc le roman via lequel je découvre cette autrice.
C’est un texte dans lequel la narratrice s’adresse à sa mère à la deuxième personne du singulier – j’ai souvent eu du mal avec cette technique littéraire, et malheureusement, « Je ne répondrai plus jamais de rien » n’est pas une exception à la règle… La narratrice s’interroge, entre perplexité, agacement et colère, sur l‘étrange relation que sa mère, décédée récemment, a entretenue avec son mari. Le couple s’était rencontré dans un camp de réfugiés, elle y était hébergée après avoir fui le Cambodge et lui y intervenait en tant qu’avocat. Alors qu’ils étaient mariés mais n’avaient pas encore d’enfant ensemble, l’homme avait eu une petite fille avec sa maîtresse, avant de donner naissance à la narratrice quelques années plus tard. Il avait ainsi navigué entre deux familles avant de s’installer avec sa maîtresse et leur fille sans pour autant divorcer.
La narratrice ne comprend pas comment la mère a pu se laisser traiter ainsi par son époux (elle ne dit d’ailleurs pas « mon père » pour parler de lui, mais « ton mari »). Autre mystère : la disparition inexpliquée de sa mère pendant plusieurs mois, avant sa naissance. La narratrice obtient de façon inopinée un indice sur l’endroit où aurait pu avoir séjourné sa mère lors de cette absence, et découvre le lien de celle-ci avec Unica Zürn, amie d’Henri Michaux qui lui inspirera le livre « L’Homme-Jasmin »…
Il y avait plusieurs pistes intéressantes dans ce texte : le portait d’une femme réfugiée, une relation de couple dysfonctionnelle, une double vie, un secret de famille, l’univers de l’artiste Unica Zürn…malheureusement j’ai eu beaucoup de mal à accrocher à ce récit. « Je ne répondrai plus jamais de rien » est un monologue présenté d’une traite, sans respiration, à la limite de la logorrhée. La narratrice est pleine de ressentiment et d’interrogations, et son discours a parfois tendance à se répéter, à tourner en rond, tout comme cette phrase-titre leitmotiv.
Le texte est court, moins de 150 pages, mais je suis ressortie un brin assommée de cette lecture. Je ne sais pas du tout si cet ouvrage est caractéristique du style de Linda Lê mais je suis passée à côté de ce qu’elle proposait. Un rendez-vous manqué.
Publié en Janvier 2020 chez Stock, 144 pages.
9e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2020.
Pfff, tous ces auteurs et autrices qui écrivent sur leur mère ou leur père (moins souvent), ça me saoule, rien que d’en entendre parler !
je ne crois pas que ce soit autobiographique…
Ah, d’accord… tant mieux, dirais-je !
j’ai adoré Justine Levy mais c’était il y a des années (elle était sans doute la première) et ne s’adressait pas à elle et même si discours semblait être en apnée, on était loin de là ! ici ton billet ne me donne absolument pas envie et puis je trouve qu’une fois adulte, on finit par être plus tolérant envers ses parents, plus compréhensifs (sauf si inceste ou violence évidemment) or là il semble qu’elle n’exprime que de la colère au lieu de partir sur autre chose.. bref je passe !
je ne pense pas que ce soit autobiographique, Linda Lê est née au Vietnam et elle est arrivée en France à l’âge de 14 ans, ce n’est pas du tout ce que raconte la narratrice de ce roman…