Dans « La Ville des Morts » de Sara Gran, la détective Claire DeWitt, âgée d’une trentaine d’années, est chargée par un client de retrouver son oncle, un procureur de la Nouvelle-Orléans qui a disparu lors du passage de l’ouragan Katrina. Claire DeWitt se rend donc dans la ville sinistrée, touchée de plein fouet par la pauvreté et la violence.
Claire DeWitt est un personnage particulier. La jeune femme, qui a une tendance prononcée pour l’alcool et la drogue, est hantée par la disparition en 1987 de son amie d’enfance Tracy lorsqu’elles étaient adolescentes. Une disparition que ni Claire ni son autre amie Kelly n’ont réussi à résoudre et qui les torture depuis vingt ans. Claire est une disciple de Jacques Silette, un détective français qui a écrit l’ouvrage « Détection », devenu la Bible de la jeune femme. Jacques Silette a résolu toutes les affaires qui lui ont été confiées, sauf une : il est décédé sans avoir pu retrouver sa petite fille, kidnappée.
Si l’intrigue racontée dans « La Ville des Morts » tient tout à fait la route, c’est surtout l’ambiance qui fait la réussite du roman. L’ambiance sombre, lourde, poisseuse, désespérée de la Nouvelle-Orléans, où les gamins jouent avec des flingues et se font mitrailler lors de règlements de compte, mais aussi l’atmosphère onirique, presque fantastique qui règne dans la vie de Claire, entre rêves tourmentés, drogues hallucinogènes et conte gothique – ce livre « Détection » que la jeune femme voit partout, le manoir où elle a grandi, les comics mettant en scène une ado détective dont ses copines et elle s’inspiraient quand elles étaient gamines (Claire DeWitt me fait penser à une version adulte et traumatisée d’Alice Roy) , la collaboratrice de Jacques Silette dont elle est devenue l’assistante, comme une sorte de Marraine détective…
Un polar original que j’ai vraiment beaucoup aimé… j’ai donc enchaîné avec les deux tomes suivants, « La Ville des Brumes » et « Du Sang sur l’Asphalte »… que j’ai lus avec plaisir car ils continuent d’approfondir les axes initiés dans le premier tome, mais que j’ai trouvés quand même nettement moins réussis – l’ambiance urbaine n’est jamais aussi forte que dans le premier tome (les deux suivants ne se passent pas à la Nouvelle-Orléans), il n’y a pas une seule intrigue, mais une alternance entre enquête actuelle et enquête passées (ces dernières donnant un côté junior au récit), ce qui affaiblit la tension narrative, et il y a de la redite sur le passé de Claire, ce qui est bien pour les personnes n’ayant pas lu le ou les tomes précédents, mais ennuyeux pour ceux qui ont déjà tous les éléments en tête). Ces deux tomes sont donc beaucoup moins marquants que le premier… mais je lirai quand même le suivant (en espérant qu’il y en ait un!) pour connaître le fin mot de l’histoire…
Publié en 2015 en broché au Masque et en poche chez Points, traduit par Claire Breton, 384 pages.
bizarrement, je n’ai pas du tout accroché au premier (il faudrait que je relise mon billet) – je crois que certaines choses m’énervaient LOL
et si en plus les deux autres sont moins bons. Mais je sais que la majorité a trouvé ce premier volet très réussi. Je n’en fais pas partie (je n’aimais pas le personnage principal)
si tu n’accroches pas au personnage principal, effectivement, mieux vaut s’abstenir 😀