« L’homme qui savait la langue des serpents » d’Andrus Kivirähk est un roman estonien dont j’avais beaucoup entendu parler – en des termes très laudatifs – mais je n’étais pas vraiment tentée par ce pavé flirtant avec le fantastique, un genre que je lis peu.
Le coup de cœur de Laure dans le podcast littéraire Bibliomaniacs que nous avons enregistré avec Jean Hegland a fini par me convaincre, d’autant plus que Claire a eu la gentillesse de me prêter le livre. Et lorsque j’ai enfin commencé ce roman, je n’ai pas pu m’arrêter de le lire, je l’ai littéralement dévoré, en me demandant pourquoi j’avais attendu autant !
L’homme qui savait la langue des serpents, c’est Leemet, qui est enfant au début du roman. Il a passé ses premières années au village, car son père était épris de modernité. A la mort de celui-ci, la mère de Leemet est repartie vivre avec ses deux enfants dans la forêt dont ils étaient originaires, où règnent encore les traditions et rites ancestraux. Leemet y a appris grâce à son oncle maternel à parler la langue des serpents, un langage difficile à maîtriser mais qui permet non seulement de communiquer avec ces reptiles, mais également de se faire obéir de tous les animaux. Les habitants mènent donc une vie proche de la nature, se nourrissant facilement de viande, à l’opposé des villageois, qui ont oublié la langue, et ayant du mal à attraper des animaux, se sont lancés dans l’agriculture et la fabrique de pain. Ceux-ci sont également devenus chrétiens, sous l’influence des « hommes de fer », les chevaliers teutoniques.
Certains puristes, voire même fanatiques, de la forêt rejettent Leemet, malgré sa maîtrise de la langue et des rituels, car il est né au village. Les villageois, eux, voient les habitants de la forêt comme des sauvages, mais sont toujours contents si l’un d’entre eux rejoint la modernité et se convertit au christianisme.
Même s’il y a de nombreux éléments fantastiques dans le roman (la langue des serpents, le fait que le meilleur ami de Leemet soit un serpent, que sa sœur soit en couple avec un ours, etc), cela ne rebutera pas ceux qui comme moi ne sont pas forcément adeptes du genre, car ce sont finalement des détails dans un propos qui est beaucoup plus général et universel. Je vois plutôt « L’homme qui savait la langue des serpents » comme un roman d’apprentissage qui se déroule au moment d’une bascule, où un ancien monde va disparaître au profit d’un nouveau, et ceci à cause d’un attrait puissant pour la modernité (les habitants de la forêt partent les uns après les autres pour le village) mais aussi de fanatisme et de luttes intestines.
Le livre est passionnant, on y retrouve des histoires de famille, d’amitié, d’amour, de transmission, d’identité, de changement, d’intolérance…Leemet est un personnage attachant, et malgré le propos global, qui est tragique, et les scènes de violence, le récit réussit à inclure des pointes d’humour très appréciables.
« L’homme qui savait la langue des serpents » d’Andrus Kivirähk est un coup de cœur, un excellent roman à découvrir d’urgence! A noter également la postface très pertinente et éclairante du traducteur, Jean-Pierre Minaudier.
Publié en 2013 au Tripode, traduit par Jean-Pierre Minaudier, 440 pages.
Ouille, je n’aime pas du tout du tout le fantastique mais j’avoue que là du coup je suis perplexe après avoir lu ton commentaire…. je vais déjà lire ce que j’ai prévu de lire prochainement (« Les déracinés » « Une deux trois » « Trop de morts aux pays des merveilles » « The Cazalet Chronicles Book1 » ), finir « Dans les geôles de Sibérie » et « In the land of the long white cloud » et j’aviserai 😉
je pense vraiment qu’il peut te plaire !
Il faut donc que je le lise…
d’urgence !
Monsieur a adoré et il insiste pour que je le lise. Je vais finir par craquer 🙂
il faut !
Je me suis complètement laisser porter et j’ai adhéré à cet univers mi historique, mi légendaire et c’est un roman riche, qui fait réfléchir mais qui fait aussi rire!
oui, un roman très complet, et un vrai bonheur de lecture !
J’ai failli le lire cet été et puis finalement le temps m’a manqué ! Mais je sens que je vais adorer !
oh oui, ne passe pas à côté de ce livre !
Ça a l’air hyper déjanté… et ça me plait beaucoup. Je l’ai en plus, pourquoi pas!
je ne dirais pas déjanté, mais plein d’imagination et de rebondissements, oui.