Vous le savez, je ne m’intéresse pas vraiment à la science-fiction, même si j’apprécie les romans post-apocalyptiques, mais j’ai lu « Les Dépossédés » d’Ursula K. Le Guin car nous l’avons mis à l’affiche de notre podcast littéraire Bibliomaniacs.
Shevek est un physicien renommé qui a grandi sur la planète Annares. Celle-ci est une colonie qui a été fondée plusieurs siècles auparavant par des anarchistes de la planète Urras, mécontents du système politique capitaliste de cette dernière. Lorsque le roman début, Shevek part d’Annares pour se rendre sur Urras, qu’il ne connait pas encore, car les relations sont quasiment inexistantes entre les deux planètes. Le récit alterne entre la période actuelle, qui raconte l’arrivée de Shevek et sa découverte d’Urras, et des flashbacks qui nous renseignent sur l’histoire personnelle de Shevek et la vie sur Annares.
Lisant donc très peu de SF, je ne possède pas forcément les codes de ce genre, et j’ai eu du mal à entrer dans « Les Dépossédés ». Les 50 premières pages ont été laborieuses, le temps de comprendre qui était le personnage principal, d’où il venait, où il allait, et de digérer la grande quantité de détails fournis dans laquelle j’ai failli me noyer – et surtout pour découvrir ensuite que la plupart n’était pas du tout essentiels pour l’intrigue!
Mais plus j’avançais dans ma lecture, plus les éléments se mettaient en place, plus les choses devaient claires, et j’ai commencé à trouver ce récit plutôt plaisant. La trajectoire de Shevek est intéressante, car elle permet toute une réflexion politique basée sur la comparaison entre la planète sur laquelle le physicien a grandi, et qui fait penser à l’ex-URSS, et celle dont on lui a parlé toute sa vie en mal, et qui peut faire penser à notre société capitaliste, et qu’il découvre enfin, avec les étonnements que cela peut générer mais aussi des sentiments mêlés, voire contradictoires. Shevek découvre par exemple que sur Urras, les femmes n’ont pas le droit de faire des études, et vivent sous la domination de leur mari, alors que sur Annares, il y a l’égalité hommes-femmes, les prénoms ne sont pas genrés – ce qui provoque l’ébahissement des scientifiques d’Urras lorsque Shevek leur apprend que certains des grands scientifiques d’Annares sont en fait des femmes. A l’inverse, le mode de vie d’Annares est communautaire et laisse très peu de place à la cellule familiale et à l’intimité et Shevek découvre ce qu’est un foyer familial uni sur la planète Urras.
Il y a un peu trop de considérations politiques, philosophiques et scientifiques dans « Les Dépossédés » pour être ma tasse de thé, il est très éloigné de mes goûts et de mes habitudes, et je ne serais sans doute pas allée jusqu’au bout si je ne l’avais pas lu pour Bibliomaniacs. J’ai persévéré pour l’enregistrement et fourni un effort de lecture pour le terminer, mais il est néanmoins intéressant et bien construit, et j’ai trouvé qu’il m’avait apporté quelque chose. C’est donc un roman que je conseillerais soit aux fans de SF, soit aux lecteurs qui aiment les livres politiques.
Publié en 1974, traduit par Henry-Luc Planchat , disponible au Livre de Poche, 448 pages.
Un roman à retrouver dans l’épisode 97 du podcast littéraire Bibliomaniacs ici.
Les considérations politico-philosophico-scientifiques sont souvent l’ADN des romans de science fiction et c’est ce qui fait que ce genre ne m’attire pas du tout.
moi j’aime beaucoup le post-apocalyptique !