« Ce qu’il faut de nuit » – titre emprunté à Jules Supervielle – est le premier roman publié de Laurent Petitmangin, seul et unique livre de la Rentrée Littéraire pour la Manufacture de Livres. J’ai eu la chance de rencontrer l’auteur et son éditeur Pierre Fourniaud lors d’une rencontre organisée à Versailles par Lucile de la Librairie La Suite.
Le narrateur est un homme qui élève seul ses deux enfants, Fus et Gilou, après le décès de son épouse. C’est un père qui fait ce qu’il peut, entre son travail dans un technicentre SNCF et ses permanences au local du Parti Socialiste, les devoirs et les matchs de foot. Un jour, des connaissances l’avertissent qu’ils ont vu Fus coller des affiches pour le Front National: le père tombe des nues, tombe de haut, et se sent démuni face à ce fils qu’il ne comprend plus et qui passe de plus en plus de temps avec sa bande de copains. Si père et fils continuent de cohabiter, la gêne s’installe alors que Gillou, qui termine le lycée avec d’excellents résultats, s’apprête à quitter la maison pour entamer des études supérieures, épaulé par un jeune militant socialiste qui l’encourage à postuler dans une grande prépa parisienne…
J’ai beaucoup aimé ce court livre, et notamment la relation père-fils : le narrateur, Fus, et Gillou sont trois taiseux qui s’aiment avec pudeur et maladresse. Le père, si actif dans un parti de gauche, n’imaginait pas que son propre fils pourrait prendre un chemin aussi opposé au sien, même s’il n’y a pas de confrontation brutale, que Fus n’est pas un mauvais bougre mais cherche plutôt à faire partie d’un groupe. Il y a pourtant cette tension qui monte … jusqu’à l’ellipse, qui fait basculer le récit dans le drame.
Aucun misérabilisme dans ce livre, certes la mère est morte, et son absence est si forte qu’elle en devient présence (alors que ce récit repose essentiellement sur des personnages masculins – le voisin et Jérémy l’étudiant étant très réussis également), mais les personnages mènent une vie banale, certes un peu triste, mais nullement défavorisée, même si le texte montre bien que l’accès aux études d’excellence est compliqué lors que l’on vit loin de Paris, et avec des moyens limités. Le style est minimaliste, sans fioritures, mais cela correspond bien à l’histoire et au caractère du père.
Un roman juste et sensible, à l’intrigue surprenante et maîtrisée, à découvrir !
Pubié en Août 2020 à la Manufacture de Livres, 198 pages.
12e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2020.
Moi aussi, j’ai beaucoup aimé ce roman, il sonne tout à fait juste.
je l’ai trouvé très fin, oui
Pour ma part, j’ai trouvé que les relations entre les personnages n’étaient que survolées. J’aurais aimé que l’auteur creuse davantage…
ah dommage…
Je le note je le trouverai à la bibliothèque municipale
j’espère qu’il te plaira !
Gros coup de coeur pour ce roman, il m’a happée, littéralement.
je comprends tout à fait !