« La petite dernière » est un premier roman qui a fait beaucoup parler de lui lors de cette rentrée littéraire, mis en avant par Virginie Despentes.
Dans cette auto-fiction (la Fatima Daas du récit a 29 ans, alors que Fatima Daas l’autrice en a 25), Fatima Daas nous raconte dans un monologue sous forme de vignettes qui commencent toutes par « Je m’appelle Fatima Daas » la vie de la benjamine (la mazoziya) d’une famille de trois filles, qui vivent avec leurs parents dans un petit appartement de Clichy-sous-bois.
La vie, aux premiers abords banale, d’une jeune fille banlieusarde qui passe une partie de sa journée dans les transports, qui grandit dans une famille d’origine algérienne et musulmane, entre un père taiseux et parfois violent, et une mère qui règne sur sa cuisine et qui se met en quatre pour ses enfants. Et pourtant Fatima Daas représente une conjugaison de contradictions.
Dans ce récit court et enlevé, à la forme moderne, elle évoque sa maladie chronique – un asthme sévère qui lui vaut plusieurs séjours à l’hôpital, la déception de sa naissance non désirée car elle n’est pas le garçon que ses parents attendaient et son look « masculin » qui chagrine sa mère qui voudrait la voir porter jupe, serre-tête, et jolis bijoux. Ses bons résultats scolaires tout en étant une élève rebelle et à fleur de peau, à l’adolescence son homophobie affichée et ses émois pour des copines, sa foi profonde et son homosexualité, Paris et la banlieue, la France et l’Algérie, les attentes de la famille et des traditions et puis la vie réelle… jusqu’à sa rencontre avec Nina, qui vient tout bousculer.
Fatima Daas est une mosaïque, un tiraillement perpétuel qui s’exprime par un mal-être, des silences, des non-dits, des feintes … et finalement par des mots. Puisque le livre était recommandé par Virginie Despentes, je m’attendais à un texte provocateur, mais il n’en est rien. Il y a au contraire une certaine douceur dans ce livre, malgré quelques phrases rugueuses, une lumière. Celle d’un amour inattendu, d’une amitié forte, d’une conversation avec sa mère, d’une foi apaisante…
Un beau texte, et la découverte d’une autrice prometteuse.
Publié en Août 2020 aux éditions Noir sur Blanc, 192 pages.
Merci à l’agence La Bande!
19e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2020
J’ai beaucoup aimé ce texte également.
il semble rencontrer beaucoup de succès !
Je ne sais pas, j’hésite encore…
ben alors? au pire, il est court!
J’ai bien apprécié aussi !
super !