Voici un livre que je n’aurais jamais lu sans « Varions les Editions en Live », et cela aurait été fort dommage, car cela a été un coup de cœur! Michel Jean nous raconte dans « Kukum » (« grand-mère » en langue innue) la vie de son arrière-grand-mère Almanda.
La narratrice, Almanda, orpheline, a été élevée par son oncle et sa tante. A l’âge de quinze ans, elle croise Thomas Siméon, un Innu un peu plus âgée qu’elle. Malgré la différence de culture, c’est le coup de foudre, et les deux jeunes gens ne tardent pas à se marier. Almanda va vivre avec la tribu nomade de son mari, et apprend et adopte leurs rites, leur langue, leurs mœurs …
« Kukum » est une lecture parfaite pour l’hiver. L’écriture est vraiment très belle, et il serait difficile de ne pas s’attacher à Almanda et à sa nouvelle famille. L’histoire d’amour entre Almanda et Thomas est magnifique. La jeune fille est très bien accueillie par sa belle-famille dont elle va adopter les coutumes, tout en apportant sa touche personnelle – elle suit par exemple, tant qu’elle le peut, son mari lors de ses expéditions, utilise son temps libre pour lire, ou insiste pour que ses enfants aillent à l’école.
Mais au-delà de cette histoire personnelle assez extraordinaire, et de ce superbe portrait de femme, c’est aussi la dégradation des conditions de vie des Innuis qui nous est racontée, avec leur sédentarisation forcée et la destruction de leur environnement (déforestation, barrages…) : eux qui étaient nomades, qui suivaient les saisons et étaient proches de la nature se retrouvent parqués dans des réserves, sans perspective d’avenir, sombrant dans la violence et l’alcool, avec une volonté du gouvernement d’éloigner les enfants en les envoyant dans des pensionnats (où beaucoup seront maltraités) pour qu’ils ne connaissent pas la langue et les coutumes de leurs parents, ce qui entraîne une déculturation des nouvelles générations.
Un superbe livre, à découvrir!
Publié en Janvier 2020 chez Dépaysage, 296 pages.
51e lecture de la Rentrée de Janvier 2020.
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