C’est avec « Il est des hommes qui se perdront toujours », dernier roman de Rebecca Lighieri que je découvre cette autrice, dont je n’ai pas non plus lu les livres écrits sous le nom d’Emmanuelle Bayamack-Tam.
Karel, le narrateur, Hendricka et Mohand sont les trois enfants d’un Belge et d’une Kabyle, qui grandissent dans une cité HLM de Marseille. Les deux aînés sont d’une beauté spectaculaire avec leur teint mat et leurs yeux clairs et le père, un homme méchant, violent, qui vit de petits trafics, les traîne dans des castings. Quant au petit dernier, il est victime de plusieurs malformations et problèmes médicaux qui lui valent le mépris du père et la sollicitude de la mère, une femme plutôt gentille, mais qui vit sous la coupe de son mari, et qui, comme lui, est héroïnomane. La fratrie passe le plus de temps possible hors de l appartement, et trouvent refuge à quelques centaines de mètres de la cité, dans le campement des gitans, dans une famille qui a des enfants de leur âge, qui deviennent leurs plus proches amis.
Ce roman noir a été une vraie bonne surprise. J’ai trouvé l’écriture très addictive et cinématographique, et je me suis vraiment attachée aux personnages et à leur quotidien, à tel point qu’ils me manquaient quand je reposais le livre. Le récit est évidemment très sombre, il y a de la violence, des parents maltraitants, négligents et toxiques, mais il y a aussi beaucoup de lumière : soleil de Marseille, histoire d’amour entre Karel et Shayenne, fratrie soudée, résiliente et décidée à s’en sortir à tout prix… les personnages secondaires qui gravitent autour du narrateur sont également vraiment réussis, que ce soit les habitants du quartier ou la famille gitane. Et même s’il y a parfois des baisses de régime dans ce roman très riche, le tout forme une histoire passionnante, dans une atmosphère estivale rythmée par les chansons des années 80 et 90, de Richard Cocciante à Michael Jackson, en passant par IAM.
Une belle surprise, qui me donne envie de découvrir le reste de l’œuvre de Rebecca Lighieri / Emmanuelle Baymack-Tam.
Publié en Mars 2020 chez P.O.L, 384 pages.
52e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2020.
Autant « Les garçons de l’été », écrit sous le nom de Rebecca Lighieri, ne m’a pas convaincue, autant j’avais été enchantée par « Arcadie », paru sous son autre nom de plume… Je pourrais donc me laisser tenter par celui-ci.
j’ai entendu beaucoup de bien d’Arcadie ! très envie de le lire !
Ça me fait très envie !
j’espère qu’il te plaira !