Jax Miller est une autrice que j’ai découverte avec son thriller « Les Infâmes » qui avait eu beaucoup de succès. En commençant son nouveau livre, « Les Lumières de l’Aube », je m’attendais à un roman noir…et j’ai découvert avec surprise que c’était en fait un true crime, genre dont je suis friande !
Jax Miller avait gardé en mémoire une affaire criminelle survenue en 1999 et qui n’avait jamais été résolue. Dans une petite bourgade de l’Oklahoma, Danny et Kathy Freeman organisent un petit dîner d’anniversaire pour les seize ans de leur fille Ashley. Celle-ci invite sa meilleure amie Lauria Bible à rester dormir dans le mobile home familial. Tôt le lendemain matin, un couple se rendant au travail donne l’alerte en découvrant que l’habitation est ravagée par un incendie : si les corps carbonisés de Danny et Kathy Freeman sont retrouvés dans le mobile-home, Ashley et Lauria n’y sont pas. En 2016, quand Jax Miller décide d’enquêter sur l’affaire, celle-ci n’a toujours pas été élucidée, et Ashley et Lauria, mortes ou vives, restent introuvables…
Jax Miller nous plonge dans un Oklahoma rural, aux paysages magnifiques, mais dévasté par la fermeture des mines, la pollution industrielle, et les ravages de la drogue, notamment la meth. La police n’a jamais enquêté sérieusement sur le meurtre des parents Freeman et la disparition d’Ashley et Lauria : des indices, des témoignages n’ont absolument pas été exploités. Même la fouille du mobile-home carbonisé n’a pas été faite correctement (un passage absolument édifiant!). Est-ce parce que la police était impliquée dans cette affaire? C’est ce que pense la famille Freeman: en effet, quelques mois avant l’incendie, le fils aîné, Shane Freeman, avait été abattu par un policier, en état de légitime défense selon lui, une version réfutée par Danny et Kathy qui voulaient porter plainte. Les relations entre les parents Freeman et la police locale étaient donc très tendues, et Danny Freeman avait prévenu que s’il lui arrivait quelque chose, il faudrait regarder du côté du commissariat…
Devant l’inaction de la police, c’est la mère de Lauria, Lorene Bible, qui a pris les choses en main et décidé de mener l’enquête, qu’elle oriente vers les trafiquants de meth. Jax Miller vient épauler cette femme qui n’a jamais baissé les bras et qui, si elle n’a plus l’espoir de retrouver Lauria et Ashley vivantes, veut a minima retrouver leurs dépouilles et leur donner une sépulture.
L’ambiance est flippante. La police est corrompue, et certains de ses membres sont même mêlés à des trafics de drogue. Tout au long de son enquête, Jax Miller va suivre plusieurs pistes, peuplées de crimes mystérieux, de rumeurs terrifiantes, et de nombreuses personnes peu recommandables : dealers, violeurs, tueurs… malgré les menaces dont elle est victime, l’autrice ne cesse de revenir dans l’Oklahoma, et devient amie avec plusieurs personnages clés de l’affaire.
Le texte n’est pas parfait, le récit tourne parfois en rond (comme l’enquête), il y a de temps en temps des lourdeurs et des maladresses avec des détails superflus, et l’autrice semble hésiter entre des passages qui sont clairement de la non-fiction et d’autres où elle reconstitue des scènes de façon romanesque. Cependant, j’ai dévoré ce livre, que j’ai trouvé absolument passionnant : il y a énormément de suspense, l’atmosphère est particulièrement réussie, et l’autrice, très investie, a soigné les descriptions des lieux et des scènes, j’avais vraiment l’impression d’être en Oklahoma à ses côtés.
Une très bonne surprise ! A noter que l’enquête de Jax Miller a fait l’objet d’un documentaire en quatre parties aux USA : « Hell in Heartland » (titre du livre en VO)
Publié en Octobre 2020 chez Plon, traduit par Claire-Marie Clévy, 384 pages.
38e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2020.