« Le Vallon des Lucioles » d’Isla Morley commence en 1972 mais la plus grande partie du roman se déroule en 1937. Ulys, journaliste, et Clay, photographie, sont envoyés par leur magazine dans un coin reculé des Appalaches pour réaliser un reportage qui servira à appuyer la mise en place du New Deal.
Arrivés dans une petite bourgade nommée Chance, ils comprennent qu’il s’y déroule quelque chose de bizarre. Bientôt, ils découvrent qu’une famille a été mise à l’écart et est victime de discrimination et de harcèlement car deux des enfants, Levi et Jubilee, qui ont une vingtaine d’années … sont bleus! Les deux hommes, intrigués, et se disant qu’ils tiennent peut-être un sujet original pour un reportage, se rapprochent de cette famille. Mais Clay tombe bientôt sous le charme de Jubilee…
Le roman est inspiré d’une histoire vraie, celle de la famille Fugate, dont certains membres étaient bleus à cause d’une maladie génétique très rare, la méthémoglobinémie. Le sujet est donc très original, et je n’ai pas boudé mon plaisir en lisant ce livre, qui réunit tous les ingrédients pour que cela fonctionne : une famille foncièrement gentille discriminée, un phénomène rare, une histoire d’amour impossible, des ennemis, des drames, des secrets, des dilemmes …
Le roman est assez prenant et se lit tout seul, et Jubilee est un beau personnage… mais il y a quand même beaucoup de maladresses – les personnages des « méchants » ne sont pas très bien construits, des personnages secondaires ne sont pas assez travaillés, des développements sont peu crédibles, certains passages ne sont vraiment pas clairs et auraient mérité d’être réécrits, l’histoire d’amour glisse parfois vers le mièvre…ce qui donne un résultat bancal. C’est dommage, le sujet, traité avec la plume adéquate, aurait pu donner un livre flamboyant, un grand roman américain sur la différence. On est ici loin du compte, mais très honnêtement, j’ai passé un bon moment de lecture et je me suis évadée durant quelques heures, et c’est déjà pas si mal.
Publié en Mars 2021 chez Seuil, traduit par Emmanuelle Aronson, 480 pages.
J’ai lu pas mal de bémols sur ce roman… sur les sites français ! Bizarrement, sur Goodreads, il n’y a presque que des avis enthousiastes. Je pense que les lecteurs/lectrices outre-Atlantique ne cherchent pas exactement la même chose que les français/françaises.
oui je me suis fait la même remarque ! le delta d’appréciation est énorme ! donc oui, soit les attentes des lecteurs sont différentes, soit il y a un problème de traduction…
Je note malgré tes bémols et l’avertissement sur l’écart du ressenti entre les lecteurs américains et français.
oui, très curieux cet écart, alors que souvent les avis sont plutôt en phase.
Bonjour à toutes et à tous! Juste pour info: je viens de faire paraitre, en janvier, un roman intitulé « Bleu », dont le point de départ est le même fait divers… Le traitement en est assez différent. J’ai situé l’action en France (le fait divers n’a été pour moi qu’un point d’inspiration), dans un village au tout début du vingtième siècle. Plusieurs chroniqueuses et chroniqueurs ont déjà critiqué les deux romans (sur Babelio notamment). Si vous voulez en savoir plus…
Touts les informations sur ce site: https://www.editions-vendeursdemots.com/
Bonne journée