J’ai découvert Kevin Hardcastle en 2018 avec son premier roman « Dans La Cage », qui ne m’avait pas convaincue. Je gardais néanmoins en tête que c’était un galop d’essai, et ayant également rencontré cet auteur canadien fort sympathique au Festival America, j’avais néanmoins envie de le retrouver avec un autre projet. « Toutes Les Chances qu’On se Donne » était donc une bonne opportunité puisque c’est un recueil de nouvelles, donc un format différent.
Les onze nouvelles de ce recueil se déroulent dans un monde rural, où le whisky est de contrebande et où les fusils ont tendance à sortir bien vite. « Le Vieux Marchuk » dans laquelle l’arrestation d’un homme violent provoque le harcèlement des forces de l’ordre et notamment d’un policier dont la femme est enceinte commençait très bien, mais s’est finie trop prématurément à mon goût, sans véritable chute, tout comme » Frontière du Montana » – d’ailleurs, curieusement, les deux nouvelles finissent de la même manière…
J’ai en revanche trouvé « La Corde » (la relation entre un fils et sa mère alcoolique) touchante, tout comme « La plupart des maisons n’avaient plus… » (l’histoire d’une femme dont le mari sort d’hôpital psychiatrique). « Bandits » m’a beaucoup plu – (l’histoire d’une famille de voleurs), j’ai trouvé que c’était la meilleure nouvelle du recueil. Et « Celui-là ne serait sûrement pas une grande perte » (un employé confronté à la vente et à la démolition de l’hôtel dans lequel il travaille et vit depuis des années) et « Toutes les Chances qu’on se donne » (un couple de personnes âgées se rend compte qu’un tueur en série rôde sur leur propriété) m’ont vraiment intéressée.
Sur les 11 nouvelles, il y a donc 5 récits qui m’ont plu – les autres m’ont déçue : Kevin Hardcastle écrit bien, dans le sens où les idées de départ sont intéressantes, et où les ambiances sont particulièrement réussies, mais c’est un auteur qui privilégie les tranches de vie aux « nouvelles à chute », et j’ai plusieurs fois trouvé les fins bâclées ou alors je n’ai pas vraiment compris où l’auteur voulait en venir.
Je n’ai donc pas été complètement emballée par ce recueil, d’autant plus que je suis habituée à de la très grande qualité avec Terres d’Amérique (« Le Paradis des Animaux » de David James Poissant, « Là-haut vers le Nord » de Joseph Boyden, « Une Fille Bien » de Holly Goddard Jones…) , par conséquent je mets la barre haut. Il faut dire que le recueil a été publié au Canada en 2015, deux ans avant « Dans la Cage », il n’y a donc pas eu d’effet « maturité » sur la plume de l’auteur.
Publié en Avril 2021 chez Albin Michel (Terres d’Amérique), traduit par Janique Jouin-de Laurens, 256 pages.