« Fille, femme, autre » de Bernardine Evaristo a reçu le Man Booker Price en 2019. On y fait la connaissance de douze personnes, presque toutes noires : onze femmes et une personne non-binaire, qui ont tous un lien. Amma est une dramaturge homosexuelle d’une cinquante années, qui obtient enfin de la reconnaissance, avec une pièce qui va être jouée dans un théâtre londonien prestigieux. Dominique, lesbienne également, est l’une de ses meilleures amies. Yazz est la fille étudiante d’Amma, à la forte personnalité. Puis on découvre dans le chapitre 2 Carole, qui a grandi dans une cité et qui, après de brillantes études, est devenue vice-présidente d’une grande banque ; Bummi, sa mère ; LaTisha, avec qui elle était copine à l’adolescence. Dans le chapitre 3, c’est au tour de Shirley, professeur, amie d’enfance d’Amma et qui a eu Carole comme élève ; Winsome, sa mère ; Penelope, qui est une collègue de Shirley mais également une cliente de la société de nettoyage de Bummi. Le quatrième chapitre, enfin, nous met en présence de Morgan, personne non-binaire née Megan; Hattie son arrière-grand-mère, et Grace, la mère d’Hattie, aujourd’hui décédée.
J’ai eu besoin d’un petit temps d’adaptation pour appréhender la forme du récit, écrit avec peu de ponctuation et sans majuscule, et avec des renvois à la ligne fréquents, mais j’ai fini par m’y habituer.
C’est un roman choral où les différentes histoires s’imbriquent de façon très fluide et intelligente. La plupart des protagonistes étant noirs, le livre évoque le racisme, le métissage, et la place des Noirs dans la société britannique depuis le début du XXe siècle, cependant ce n’est pas, et de loin, le seul sujet de l’ouvrage, qui est très riche: féminisme, militantisme, culture woke, non-binarité et transidentité, transfuge social, cohabitation des cultures et des traditions… mais aussi tout ce qui touche aux relations humaines : vie de couple, relations hommes-femmes, relations familiales, relations amicales, relations professionnelles, relation professeur-élève…les thèmes abordés sont universels, et souvent traités avec une pointe d’humour, voire d’ironie par l’autrice, notamment quand celle-ci évoque le conflit des générations – quand Amma ou Dominique, lesbiennes, féministes, militantes, engagées, sont vues comme conservatrices ou dépassées par Yazz et Morgan – ou l’hypocrisie sociale à travers Shirley et les autres amis d’Amma.
Il n’est pas toujours évident de faire exister de nombreux personnages avec lesquels on ne passe qu’une vingtaine de pages, mais Bernardine Evaristo s’en sort admirablement bien : tous les sont très bien incarnés, elle est vraiment très douée pour exprimer leurs pensées profondes et camper des situations. Ce récit pourrait donner une superbe série télé, et je suis d’ailleurs étonnée de ne pas encore avoir entendu parler d’une adaptation!
Un gros coup de coeur !
Publié en Septembre 2020, traduit par Françoise Adelstain, 469 pages.
Coup de cœur pour ma part aussi !!
yeah !!
Oh j’imagine vraiment le coup de coeur avec ton recit….cela donne envie
si tu as l’occasion, lis-le, il vaut vraiment le coup !
Il est vraiment formidable, ce roman, c’est l’un de mes (rares) coups de coeur de l’année !
je suis bien d’accord !
Coup de cœur pour moi aussi !
ça me fait plaisir !