Comme Thierry Hesse, je suis née à Metz, comme lui j’ai aimé lire les Langelot en bibliothèque verte et j’écoute Nick Cave ou PJ Harvey, et j’ai adoré « Démon », son roman sorti en 2009…beaucoup d’excellentes raisons de lire son nouveau livre, « Une Vie Cachée ».
Dans cet ouvrage qui semble fortement autobiographique, le narrateur cherche à en savoir plus sur son grand-père, François dit Franz – un homme avec qui il n’a pas eu beaucoup d’interactions à part en 1966, année où celui-ci a régulièrement gardé l’écolier de sept ans qu’il était – et notamment les raisons qui l’ont poussé à vivre quasiment reclus durant ses vingt dernières années, dans un minuscule appartement messin.
Ou plutôt, c’est ainsi qu’est présenté ce livre, mais si l’auteur aborde régulièrement la vie de son grand-père, l’ouvrage se compose plutôt d’un ensemble de réflexions qu’il mène sur le fait d’être originaire de Moselle, et donc d’avoir été annexé de 1870 à 1918, période durant laquelle son grand-père est né, a effectué son service militaire puis a été soldat pendant la Première Guerre Mondiale, dans l’armée allemande forcément, en tant qu’infirmier.
Comme l’auteur, je suis issue d’une famille qui, au gré de l’Histoire, a plusieurs fois changé de nationalité, de langue maternelle, voire potentiellement de prénom. J’ai passé un grand nombre d’années en Meuse, territoire qui porte encore dans sa terre la barbarie de la Première Guerre Mondiale et nombreuses de ses victimes. Cela a donc créé une certaine familiarité avec ce que raconte Thierry Hesse, cela m’a intéressée, et j’ai apprécié également les références dont il parsème son texte (Kafka, Kundera, l’écrivain Claude Simon que je découvre grâce à lui).
Pour autant j’ai été décontenancée par ce récit qui n’a pas de fil conducteur fort– on n’en sait pas vraiment plus sur le grand-père au bout de 200 pages, à part quelques suggestions de l’auteur – et qui aborde de nombreux thèmes mais sans pour autant aller en profondeur, tout est survolé. J’aurais par exemple souhaité en savoir plus sur ces soldats mosellans envoyés combattre en Lettonie durant la Première Guerre Mondiale, ou sur les arrière-grands-parents du narrateur, déportés pour que leur maison soit occupée par des Allemands. Les faits narrés, les anecdotes, les réflexions intéresseront sans doute fortement l’entourage proche de l’auteur, mais pour ma part, je suis restée sur ma faim.
Une belle écriture, et des thèmes qui feront écho pour tout lecteur lorrain, mais un récit trop décousu, trop volatil, pour me convaincre.
Publié en Août 2021 aux éditions de l’Olivier, 192 pages.
ah zut le sujet, tout avait pour me plaire ! La Lettonie en plus
zut zut zut !
La Lettonie est juste évoquée sur deux pages… mais tente-le, il se lit vite !