Après « Songe à la douceur », je continue mon exploration de l’œuvre de Clémentine Beauvais avec « Les Petites Reines ».
Mireille, Hakima et Astrid sont trois jeunes filles boulottes de Bourg-en-Bresse qui ont été élues « boudins de l’année » via un concours organisé sur les réseaux sociaux par un adolescent de leur âge. Hakima et Astrid sont dévastées par ce déferlement de moqueries, mais Mireille, qui n’en est pas à sa première élection, décide d’entraîner ses camarades d’infortune dans une grande aventure : faire le trajet Bourg-en-Bresse/Paris à vélo pour se rendre à la Garden-Party de l’Elysée le 14 Juillet. Elle a en effet découvert qu’elles ont toutes trois une bonne raison d’y aller : Astrid est une grande fan d’Indochine, qui y jouera ; le grand frère d’Hakima, Kader, ancien soldat, est en fauteuil roulant depuis une attaque militaire qui a mal tourné et dont le responsable était un général qui sera présent à la fête ; quant à Mireille, elle est la fille du mari de la Présidente de la République, qui non seulement ne l’a jamais reconnue, mais ne répond pas non plus à ses lettres.
« Les Petites Reines » est un roman jeunesse qui aborde avec fraîcheur et humour des thèmes graves – le cyberharcèlement, la grossophobie, le handicap…les trois ados retournent l’humiliation en leur faveur en devenant les stars d’une aventure médiatisée et en se réappropriant le terme » boudin » … puisqu’elles vendent des boudins sur la route pour financer leur voyage.
J’ai regretté que les deux autres protagonistes ne soient pas autant incarnées que Mireille, la narratrice, à la maturité et à l’humour très développés. La fin m’a également un peu déçue, notamment par rapport à l’histoire de Kader, mais j’ai trouvé très belle la réaction de Mireille (je ne vous en dis pas plus pour ne pas spoiler…) Et dans l’ensemble, j’ai beaucoup aimé ce livre plein d’énergie et très agréable à lire, porté par des personnages attachants, que ce soit les « trois boudins » ou Kader « le Soleil » qui développe une jolie relation d’amitié et d’entraide avec Mireille, et qui pousse à s’accepter, à s’affranchir des adultes (qui ici, face au harcèlement, réagissent de manière ni forte ni pertinente) et à relever des défis personnels.
Avec ce road trip sortant de l’ordinaire, une nouvelle incursion réussie chez cette autrice proposant des romans de qualité qui peuvent convenir tout aussi bien à des ados qu’à des adultes.
Merci à Claire qui m’a fait découvrir ce livre et dont vous pouvez lire la chronique ici.
Publié en 2019 chez Gallimard Jeunesse, 352 pages, en poche chez Sarbacane.