J’ai découvert Jean-Baptiste Naudet en 2018 avec son magnifique livre « La Blessure », qui évoquait le décès du premier fiancé de sa mère lors de la Guerre d’Algérie, et qui avait été un gros coup de cœur.
Grand reporter, l’auteur s’intéresse cette fois-ci à Maurice Bavaud, un jeune homme suisse pacifiste et très pieux, désireux d’entrer dans les ordres, qui tenta d’assassiner Hitler en 1938.
Avant même que la guerre n’éclate, Maurice Bavaud et certains de ses condisciples au Séminaire de Saint-Ilan en Bretagne, s’inquiètent de la dangerosité d’Hitler, qu’ils considèrent comme une menace pour l’humanité : ils montent une société secrète où ils discutent de tuer Hitler. Ce sera finalement seul, de retour en Suisse, que Maurice Bavaud décide de mettre à exécution cette idée et part pour cela en Allemagne. S’ensuivent des événements assez rocambolesques et improbables, puisque le jeune homme, à l’aide de la presse, se rend dans plusieurs endroits où il pense trouver Hitler, en se faisant passer pour un admirateur : dans les Alpes, à Berlin, à Munich…, muni de faux documents grossiers et d’un pistolet à faible portée. Il est proche de réussir son coup lors de la commémoration du putsch de 1923 mais échoue à avoir Hitler dans sa ligne de mire. A court d’argent, il décide de renoncer à ses plans et de quitter l’Allemagne, mais se fait arrêter bêtement car il n’a pas de billet de train. En tant qu’étranger, il est remis à la Gestapo qui finit par comprendre que Maurice Bavaud a fomenté un attentat contre Hitler.
Jean-Baptiste Naudet livre ici un « roman vrai », récit littéraire basé sur ses recherches historiques et sur la lecture d’une large documentation, même si Hitler, furieux d’apprendre qu’il avait été victime d’une tentative d’assassinat, fit son possible pour étouffer l’affaire afin qu’elle ne donne pas des idées à d’autres. Dans un style sobre, malgré certains passages suffocants, il rend ici hommage à un « loup solitaire » (alors que la grande majorité des autres tentatives d’assassinats ont été perpétrées par des réseaux, à l’exception de celle de l’Allemand Georg Elser l’année suivante), qui connaîtra la torture, la prison en isolement, puis la décapitation, abandonné par son pays d’origine, la Suisse, qui n’interviendra jamais en sa faveur.
En filigrane de cette histoire déjà incroyable en apparait d’ailleurs une autre, assez folle et tragique, même si très romanesque, celle d’un comparse de Bavaud au séminaire en Bretagne, Marcel Gerbohay, jeune homme fantasque et un brin mythomane, qui sera retrouvé par la Gestapo dans le cadre de cette affaire, arrêté et assassiné, sur fond de dénonciation familiale et collaboration…
Un roman qui prouve que près de 80 ans après sa fin, la période du Nazisme et de la Seconde Guerre Mondiale regorge encore d’histoires héroïques à découvrir…
Publié en Mai 2022 chez Novice, 192 pages.
Voilà qui a l’air très intéressant, je me le note et te remercie pour la découverte !
ravie qu’il t’intéresse !
J’avais beaucoup aimé La blessure. Je l’avais prêté à mon père, ce qui nous avait aussi permis de parler de cette période qui l’a traumatisé…
un livre magnifique ! tant mieux s’il a permis d’ouvrir le dialogue avec ton père sur ce sujet si dur.