J’avais lu « Eux sur la photo » d’Hélène Gestern il y a des années, sans vraiment l’apprécier mais mon coup de cœur récent pour « L’Odeur de la Forêt » m’a donné envie de m’y replonger.
Hélène Hivert trouve dans les affaires de son père décédé une coupure de journal qui évoque la victoire de N.Hivert et P.Crüsten dans un tournoi de tennis de 1971. Elle devine qu’il s’agit de sa mère, morte quand elle avait trois ans, et dont personne n’a plus jamais parlé. Elle publie une petite annonce avec la photo accompagnant l’article. Un certain Stéphane Crüsten lui répond : il a reconnu son père sur la photo.
« Eux sur la photo » est un roman épistolaire, la correspondance entre Hélène et Stéphane, qui plongent dans le passé pour comprendre quelle était la relation entre leur mère et père respectifs. Je crois savoir pourquoi je n’avais pas accroché à ce livre: il y a quelque chose de froid et sobre dans cet échange épistolaire, paradoxalement un peu trop maîtrisé, et je pense que je n’y avais pas été sensible.
En le relisant maintenant, j’y ai pris beaucoup plus de plaisir, je me suis attachée à Hélène et j’ai été touchée par le lien qui se noue entre elle et son correspondant, tandis qu’ils explorent secrets de famille et conventions sociales.
C’est un beau roman, travaillé, avec une subtilité dans la description des sentiments et des ingrédients qui font mouche. Ce qui est déstabilisant, après avoir lu « L’Odeur de la Forêt », c’est que « Eux sur la photo » semble en être le galop d’essai. Les deux histoires sont différentes mais on y retrouve des thématiques communes (l’échange épistolaire, les secrets de famille, la condition féminine…), et les deux personnages principaux, Hélène et Elisabeth, m’ont semblé très proches.
J’ai eu l’impression que l’autrice s’était entraînée avec un livre court, resserré, avant de se lancer dans une fresque beaucoup plus ambitieuse et foisonnante, ce qui laisse à cette lecture pourtant tout à fait réussie en tant que telle un petit goût d’inachevé. Si vous voulez découvrir Hélène Gestern, je vous conseille donc de commencer par celui-ci et de lire ensuite L’Odeur de la Forêt afin d’y aller crescendo !
Publié en Octobre 2013 chez Arléa, 320 pages.