« Attendez-moi métro République » d’Hanan Ayalti est un livre se déroulant durant la Seconde Guerre Mondiale… et qui a été écrit en 1943 !
On fait la connaissance, à Paris, en 1941, d’une famille juive, les Sokolovski. Les parents, Maurice et Rachel, sont arrivés de Pologne une vingtaine d’années plus tôt. Après avoir vécu dans le Pletzl, ils ont gravi l’échelle sociale grâce à la réussite professionnelle du père. Leurs enfants, Jacques et Hélène, désormais jeunes adultes, ont grandi en France et bénéficié d’une vie confortable et de bonnes études.
Jacques s’est très jeune engagé dans des mouvements de gauche et a combattu en Espagne, tandis que sa sœur fréquente les milieux artistiques.
Au moment où il écrit, l’auteur n’a pas encore le recul et les informations de l’après-guerre sur la période nazie, mais il a vécu occupation, persécutions et internement avant de pouvoir s’enfuir en Uruguay. Il dépeint avec beaucoup de pertinence la sensation d’enfermement, de chape de plomb, de catastrophe proche vécue par ses personnages.
Avec Jacques, entré dans la résistance et la clandestinité, Maurice, très angoissé, Rachel, qui recherche son fils, Hélène qui attend des nouvelles de son mari enfermé à Drancy , mais aussi Germaine, jeune femme communiste et non juive issue d’un milieu populaire et grand amour de Jacques, ou encore Juliette, amie d’Hélène, il évoque aussi, via l’époque présente ou des incursions dans le passé, des thématiques toujours d’actualité : les conflits intergénérationnels, la notion d’assimilation, l’identité juive versus la nationalité française , l’ascension sociale, les histoires d’amour et d’amitié entre personnes de différents milieux …
L’écriture est restée fraîche et moderne, les personnages sont très réalistes, les émotions très bien évoquées… il y a un côté pièce de théâtre avec de nombreuses scènes se déroulant dans des espaces clos et une tension palpable, qui va crescendo jusqu’à la scène finale.
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec ce livre – trop vieux? trop long ? – mais cela a été un très grand plaisir de lecture, un vrai coup de cœur !
Publié chez l’Antilope, traduit par Monique Charbonnel-Grinhaus, 448 pages.