Je suis souvent plus attirée par une histoire que par un style, et pourtant cela a été l’inverse avec « Border la bête ».
La narratrice, touchée par la mort d’un homme qui a été très important pour elle, voyage marquée par le deuil lorsqu’elle rencontre par hasard Jeff et Arden, qui tentent de sauver un orignal. Lui a un œil de verre, elle est une grande femme aux mains étranges. La jeune voyageuse décide de rester auprès d’eux, qui mènent une vie libre, au contact de la nature, et qui se consacrent aux animaux.
Tous les trois ont un passé trouble et douloureux qu’ils tentent de conjurer. Au contact de la nature, qui peut être aussi belle que mortifère, mais aussi grâce à une histoire d’amour, la jeune femme tente de se reconstruire.
L’écriture de Lune Vuillemin est magnifique. L’autrice a un réel talent pour créer une ambiance à la fois sauvage et enveloppante et pour ancrer cette histoire dans une tradition de nature writing. Il y a quelque chose de brut, de féral dans ce récit qui oscille entre beauté et souffrance, lumière et obscurité.
La langue est travaillée sans qu’elle n’apparaisse pesante, elle est juste adaptée, dans sa sensualité, sa poésie et sa rugosité, à ce qui nous est raconté.
Un très beau roman et une très belle surprise !
Publié en Janvier 2024 à la Contre-Allée, 128 pages.