« Je suis une île » est le récit autobiographique de Tamsin Calidas.
La jeune femme a une trentaine d’années en 2004 lorsque son conjoint Rab et elle décident de changer radicalement de vie, en quittant Londres pour s’installer sur une petite île des Hébrides, où ils achètent une ferme délabrée pour la retaper, y habiter et débuter un élevage de moutons. Mais la vie insulaire est rude, et les choses ne se passent pas toujours comme prévu…
Ce récit m’a rappelé celui d’Amy Liptrot, « L’écart » qui racontait également un changement de vie dans les Hébrides. Mais l’expérience de Tamsin Calidas est plus contrastée. Il y a des pages magnifiques sur sa relation à la nature, à l’eau, aux animaux, qui semble montrer qu’elle se sent alignée avec la vie qu’elle a choisi de mener. Vraiment, l’écriture est très belle.
Mais il y a beaucoup de moments que j’ai trouvés absolument terribles et douloureux. Tamsin est confrontée à l’hostilité d’une partie de ses voisins, à leur violence verbale et physique, à leur sexisme, leur racisme (son père est d’origine indienne) … le nombre de malheurs et de drames qui la frappent est impressionnant, d’autant plus qu’elle est bientôt seule pour affronter une vie compliquée. Et si la grande amitié qu’elle entretient avec une dame plus âgée, Cristall, est superbement décrite, quelle solitude autour d’elle! – certaines pages sont tellement éprouvantes que je me suis parfois demandé ce qui motivait l’autrice pour s’infliger cela, et si le fait de rester sur l’île était un choix actif ou si elle n’avait juste pas la force d’envisager un départ
Le récit est un véritable paradoxe, j’ai rarement lu un texte aussi beau et aussi terrible à la fois, une plume lumineuse qui décrit des faits extrêmement sombres, et une autrice tout aussi apaisée qu’elle est poignante.
Publié en Avril 2022 chez Dalva, traduit par Caroline Bouet, disponible en poche chez 10/18, 384 pages.