« Le Chef » est un roman publié par Harry Kressing aux Etats-Unis en 1965 et qui n’a été traduit que 55 ans plus tard en français par les éditions du Typhon.
Dans la petite ville de Cobb arrive un mystérieux jeune homme : Conrad a en effet été engagé par les Hill – l’une des deux familles les plus puissantes des environs, avec les Vale – pour devenir leur cuisinier, et ses talents sont très vite reconnus : la famille se régale, et leur fille Daphné, obèse et rejetée pour cette raison par l’héritier Vale, perd enfin du poids. D’ailleurs, les Vale sont également intéressés pour que Conrad leur mitonne de bons petits plats… le cuisinier étend donc progressivement son influence sur les deux familles et sur la petite ville…
En voilà un bien curieux ouvrage ! Le récit a la forme d’une fable, avec une histoire contée de façon très accessible. Très vite, le lecteur assiste à une prise de contrôle de Conrad par le biais des estomacs : il oriente les décisions, fait renvoyer le personnel, écarte les gêneurs, et finit par transformer les puissants en petites marionnettes dociles… mais à quelle fin?
En effet, tout au long du récit, malgré le style assez simple et le ton badin, la tension monte et l’on se demande qui est vraiment Conrad, et quel est son but ultime, et j’ai lu avec grand plaisir ce roman, portée par l’ambiance machiavélique et le suspense qui y règnent.
La fin, qui n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais, m’a en revanche interpellée, et un brin déçue : pendant toute l’histoire, je me suis léché les babines à l’idée d’une fin explosive, macabre, machiavélique, et l’auteur propose en fait un épilogue – à mes yeux trop rapide et manquant de panache – qui est le contre-pied de ce que tout lecteur attend probablement… De quoi se sentir, pour ma part un peu entourloupée (même si finalement, c’est sans doute l’auteur qui est le plus grand manipulateur de ce roman!), cependant peut-être cela sera-t-il une agréable surprise pour d’autres !
C’est en tout cas un roman qui sort de l’ordinaire, et qui, plus d’un demi-siècle après sa rédaction, n’a pas pris une ride ! A découvrir !
Publié en Octobre 2021 aux éditions du Typhon, traduit par Benjamin Kuntzer, 296 pages.
un ovni littéraire ! mais après avoir lu La Conquête de Plassans, je me demande si ton écrivain n’a pas lu Zola 😉
je ne connaissais pas ce roman, je ne l’ai donc pas lu mais en regardant le résumé sur wikipédia, je n’ai pas vraiment l’impression que les histoires soient similaires, même s’il est question de manipulation…