Inconditionnelle des éditions de l’Antilope dont je possède quasiment tous les livres, j’ai lu « Entre les murs du ghetto de Wilno » le journal de Yitskhok Rudashevski, adolescent emprisonné dans le ghetto de Wilno (aujourd’hui Vilnius), qui mourra assassiné en 1943, à l’âge de 15 ans.
Son journal, écrit en yiddish, sera retrouvé à la fin de la guerre par sa cousine qui avait échappé au massacre et rejoint les partisans. L’adolescent raconte son quotidien dans le ghetto et ses émotions – l’injustice d’être privé de liberté et de passer à côté de sa jeunesse, la colère que provoque en lui la police juive, la peur de ne pas voir revenir ses parents à la fin de leur journée de travail, la douleur d’être brutalement séparé de sa grand-mère qu’il ne reverra jamais, la promiscuité quand sa famille et des voisins se terrent dans les « malines », des cachettes qui ont été créées dans le ghetto, mais aussi l’espoir que l’Armée Rouge le libère …
Yitskhok Rudashevski est un garçon extrêmement mature pour son âge, et désireux de profiter de chaque instant pour s’instruire. Passionné de littérature et d’histoire, il lit énormément, participe à la vie culturelle et artistique du ghetto et s’illustre comme apprenti historien en faisant la tournée des habitants pour récolter leurs témoignages.
Son journal relate des faits terribles, avec des passages poignants, mais c’est aussi un document inspirant qui témoigne de cette volonté sans faille de continuer à créer pendant la guerre et à s’élever intellectuellement, l’art, la culture, l’instruction et la transmission étant des facteurs quotidiens d’espoir, et des actes de résistance contre l’oppresseur.
Si Yitskhok Rudashevski n’a pas survécu, son journal, comme un certain nombre d’œuvres produites durant cette période de terreur, sont arrivés jusqu’à nous grâce à une chaîne de passeurs. Un très beau document!
Publié en 2016 chez L’Antilope, traduit par Batia Baum, 192 pages, en poche à l’Antilopoche.