J’ai découvert Denis Rossano grâce à un VLEEL durant le premier confinement, et cette rencontre reste à date l’une des meilleures auxquelles j’ai assisté, car cet auteur est très cultivé et passionnant à écouter, en plus d’être très sympathique. J’ai lu avec grand plaisir « Un père sans enfant », son premier livre, consacré à Douglas Sirk et son fils Klaus, que je vous recommande chaudement, et je me suis donc précipitée sur son nouvel ouvrage : « Vie et Mort de Joachim Gottschalk ».
Denis Rossano explore de nouveau le thème du cinéma et du nazisme à travers le prisme de la famille. L’histoire est racontée par un acteur célèbre (mais fictif), Alois Kirschner, très âgé dans les années 2000, dans le cadre d’un entretien avec une journaliste. Il fut en effet un ami proche de Joachim Gottschalk, rencontré à l’adolescence dans un cours de théâtre. Personnage ayant réellement existé, Joachim Gottschalk est inconnu en France, mais fut un acteur de premier plan dans l’Allemagne des années 30 et 40, ayant joué dans des films à succès.
L’ouvrage débute dans les années 20, alors que Joachim, né en 1904, est âgé d’une vingtaine d’années et se fait remarquer par son talent de comédien. Alors que sa carrière prend de l’ampleur, l’influence du nazisme sur la société allemande grandit en parallèle. Et si Joachim peut être considéré comme un parfait aryen, Meta, l’actrice qu’il a épousé, et avec qui il a un petit garçon, Michael, est juive, ce qui fait de la famille Gottschalk une cible de la politique antisémite en place.
Au fur et à mesure que les années passent, l’étau se resserre : Joachim et sa famille changent plusieurs fois de ville pour s’éloigner des épicentres nazis, l’acteur réoriente sa carrière vers le cinéma, qui semble moins surveillé que le théâtre, leur fils Michael entre aux jeunesses hitlériennes. Leur entourage les pousse à quitter le pays, mais pour aller où? et pour y faire quoi? Et malgré les pressions, Joachim n’a aucune intention de passer outre son amour pour sa femme et de se séparer d’elle.
Autour de Joachim évoluent toute une série de personnages, notamment Göring et Goebbels, qui se disputent l’influence sur le monde artistique, des artistes de premier plan difficiles à cerner, de Veit Harlan (le réalisateur du Juif Süss) à Gustaf Gründgens, et autres comédiens et comédiennes qui ont marqué le 7e Art des années nazies.
Si j’ai regretté quelques longueurs et un manque d’incarnation pour le personnage d’Alois, qui a du mal à exister au-delà de son utilité de témoin, j’ai lu avec grand intérêt ce livre riche en références cinématographiques, qui montre que nul n’était épargné : même l’une des plus grandes stars de l’époque, applaudie par les plus hauts dignitaires, pouvait être la cible de la haine nazie. Un ouvrage poignant, à découvrir !
Publié en Août 2022 chez Allary, 385 pages.
je n’en ai pas entendu parler, mais oui on imagine bien l’étau qui se resserre et ceux qui ont voulu croire jusqu’à la fin que tout allait s’arranger