J’avais adoré « L’Ecart », ce récit où Amy Liptrot racontait comment elle avait guéri de l’alcoolisme en retournant vivre dans son archipel écossais natal et en s’intéressant à la faune locale. « L’instant » se déroule quelques années plus tard. La jeune femme tourne en rond sur son île et vit mal sa solitude amoureuse. Elle décide alors de tout quitter pour s’installer à Berlin.
Autant j’avais lu avec bonheur son récit de nature writing et de renaissance, autant je suis plus mitigée au sujet de ce nouveau livre, que j’attendais pourtant avec impatience. L’écriture est toujours aussi belle mais il m’a été plus compliqué de m’attacher à une histoire qui parle d’ultra-moderne solitude et de manque de sens. Amy semble perdue dans cette immense ville qu’est Berlin. Elle n’a pas de réel projet : elle a choisi la capitale allemande non pas dans un but précis mais parce que c’est une ville qui semble cool, dont on parle beaucoup dans un contexte de nomadisme, qui permet de se loger à moindre coût.
Tout est un peu flou – son quotidien, ses objectifs, ses fréquentations … que dire de relations amicales où toute personne est anonymisée derrière l’initiale B. ? Les quelques moments lumineux sont ceux où elle se reconnecte à la nature via les ratons laveurs qu’elle observe et recherche à travers le béton berlinois.
Seules les applications et sa recherche de l’amour semblent concrètes et tiennent beaucoup de place dans ce récit hyper connecté. Les mots sur son chagrin sont d’ailleurs très pertinents, même si je n’ai pu m’empêcher de me demander si l’autrice n’était pas obsédée par cette histoire car le reste de sa vie était finalement très vide, et qu’elle n’avait pas grand chose d’autre auquel se raccrocher.
L’épilogue est heureusement très positif, « L’instant » semble donc être une parenthèse, un pont dans la vie de l’autrice, à laquelle je me suis moins attachée cette fois-ci.
Publié en Février 2023 chez Phébus, traduit par Gaëlle Cogan, 240 pages.