La première fois que j’ai ouvert « La promesse » de Marie de Lattre, je n’ai pas été convaincue : j’ai eu du mal à entrer à ce livre, n’arrivant pas à accrocher à l’écriture, et refroidie par quelques approximations (non, ce n’est pas à 13 ans que l’on fête sa bat-mitsva et non, Eva n’est pas un « prénom assez commun »)
Et puis j’ai relu cet ouvrage et j’ai bien fait car il aurait été dommage de passer à côté.
« de Lattre » n’est pas le nom de famille de naissance de Jacques, le père de Marie. Ses parents ayant été assassinés à Auschwitz, il sera adopté par un certain Pierre de Lattre qui lui donnera son nom.
Derrière ce nom de famille bien français, aristocratique, se cachent donc beaucoup de secrets, de dissimulations, comme ces multiples trappes et cachettes qui parsèment l’appartement où elle grandit. Les origines, la religion sont des sujets tabous, évoqués avec parcimonie dans la chape de silence dans laquelle la famille évolue.
Et puis, comme avec les matriochkas, il y a le secret dans le secret, une double d’histoire d’amour assez incroyable. Les grands-parents de Marie de Lattre se nommaient Ismak (souvent appelé par son nom de famille) et Frieda Kogan. Tous deux étaient juifs et son grand-père était peintre et sculpteur tandis que sa grand-mère tenait une pension de famille. Mais derrière l’histoire officielle se cachait une double histoire officieuse :une liaison durant quinze ans et un coup de foudre en pleine occupation en 1942… Deux histoires d’amour aussi intenses qu’improbables entre des Juifs étrangers et bohème et des membres de la bonne bourgeoisie française et chrétienne qui convergeront vers un autre type d’union, formée autour de Jacques.
« La promesse » est un beau livre, riche et émouvant. Il y a beaucoup d’amour dans ce récit, mais aussi de réflexions sur l’héritage et l’atavisme : que peut-on transmettre quand son identité a été en partie détruite, en partie dissimulée sous des apparences aussi trompeuses que protectrices ?
Publié en Janvier 2023 chez Robert Laffont, 240 pages.