J’avais lu sur recommandation de JM « Le Fleuve des Brumes » de Valerio Varesi, mais n’avais pas vraiment été conquise par cette enquête du Commissaire Soneri. JM ne s’est pas avoué vaincu et sans batte de baseball ni menaces, mais avec l’envoi de son préféré de l’auteur italien, « Les Ombres de Montelupo », il m’a convaincue de réessayer… et il a bien fait!
Le commissaire Soneri prend quelques jours de vacances dans le village de son enfance, au pied des montagnes, où il cherche des champignons…Il se rend compte que l’ambiance y est très tendue et est témoin d’une série d’événements étranges … depuis des décennies, le village est marqué par l’influence de la famille Rodolfi, avec l’usine de charcuterie fondée par le patriarche, Palmiro. Le fils de celui-ci, Paride, n’a pas été vu depuis un certain temps. A-t-il disparu ? Une série d’affiches placardées dans le village prétend pourtant qu’il est vivant et en bonne santé. Puis c’est Palmiro, qui se suicide soudainement… même s’il n’y a pas matière à enquête, Soneri sent qu’il y a quelque chose de louche et mystérieux, et le fait que son propre père ait bien connu Palmiro l’incite à se mêler de ce qui ne le regarde peut-être pas, lui qui a quitté le village à l’adolescence.
Le rythme est assez lent, l’ambiance, un peu contemplative, mais cela sied bien à cette histoire qui se déroule en grande partie dans le brouillard- qu’il soit météorologique ou métaphorique, entre faux-semblants, nostalgie, et interrogations sur le passé. Les tensions du fascisme, des collaborateurs, des résistants communistes sont toujours prégnantes alors que le village a pourtant bien changé, avec cet argent qui a pourri les mentalités, et les trafics du monde moderne …
J’ai encore quelques bémols – j’ai toujours du mal à me représenter le commissaire, et quid de ces affiches sur lesquelles l’auteur ne donne finalement aucune explication?- mais j’ai été conquise par l’atmosphère montagnarde, et la douleur sourde qui émane du commissaire. Une belle lecture !
Publié en 2018 chez Agullo, en poche chez Points, traduit par Sarah Amrani, 312 pages.