J’ai découvert Nina Allan il y a quelques années avec son roman « La Fracture », que j’avais adoré, puis avec « Le Créateur de Poupées ». Dans « Conquest », son dernier livre traduit en français, Rachel fait appel à Robin, détective privée, pour retrouver Frank, son petit ami qui a disparu depuis plusieurs mois.
Frank est un jeune homme très intelligent, passionné de musique classique, mais qui nourrit également un certain nombre d’obsessions, qui ont trouvé écho sur le web. Il discute sur des forums avec plusieurs personnes, notamment une journaliste et un universitaire, qui partagent ses opinions, et a disparu en allant à Paris les rencontrer.
Cela pourrait ressembler à un polar classique mais il n’en est rien. « Conquest » est un roman qui nous entraîne dans plusieurs directions. Une nouvelle de SF, « La Tour », qui obsède Frank, est reproduite dans le livre, tout comme une chronique sur un concert, écrite par la journaliste avec qui il est en contact. Mais le livre nous parle également des origines de Robin, en lien avec la pègre londonienne, et de rivalités shakespeariennes entre deux grandes familles du crime …
Nina Allan écrit vraiment très bien et j’ai lu cet ouvrage avec plaisir car les personnages (Rachel, Robin, Frank) sont attachants, le récit est riche en références culturelles, et tout ce qui est raconté est intriguant et intéressant, puisque l’on oscille entre complotisme et alerte écologique. Mais « Conquest » est plus une expérience littéraire qu’un roman à proprement parler, il faut se laisser porter par ce que propose Nina Allan, quitte à se demander, une fois l’ouvrage refermé, ce que l’on a vraiment lu.
C’est un livre particulier, qui ne plaira certainement pas à tout le monde, mais qui s’inscrit dans la lignée de la bibliographie de l’autrice. Un OLNI !
Publié en Août 2023 chez Tristram, traduit par Bernard Sigaud, en poche chez 10/18, 384 pages.