Parfois le hasard fait bien les choses : j’ai lu « New York esquisses nocturnes » de Molly Prentiss sans vraiment savoir de quoi ce roman parlait, mais un livre parlant de peinture à New York à la fin des années 70 me tentait bien, d’autant plus qu’il était traduit par Nathalie Bru (la sœur de ma copine Coralie de Bibliomaniacs) qui traduit habituellement des ouvrages de qualité
Si « New York esquisses nocturnes » s’ouvre en Argentine, où Franca, une jeune pâtissière, craint de se faire arrêter par la police pour ses activités de contestation – nous sommes en pleine dictature – l’intrigue se passe comme le titre l’indique à New York où les destins de plusieurs personnages se croisent. James Benett et sa femme Marge, enceinte de quatre mois, se rendent au Nouvel An organisé par une célèbre galeriste. James est atteint de synesthésie, il associe des perceptions à des couleurs ou à des odeurs. C’est dans les œuvres d’art que ses sens sont les plus exacerbés, et il en a fait un métier puisqu’il est critique d’art. Les chroniques qu’il écrit pour le NY Times sont extrêmement imagées et originales et connaissent beaucoup de succès. Cette même nuit de nouvel an, Raul Engales, artiste peintre et frère de Franca, qu’il n’a pas vu depuis qu’il a quitté l’Argentine plusieurs années auparavant, rencontre Lucy, une jeune fille barmaid tout juste débarquée de sa campagne, avec qui il entame une relation amoureuse. Le critique et le peintre ne le savent pas encore, mais chacun va connaître une tragédie et leur route se croisera bientôt…
J’ai dévoré ce livre ! Il me manquait dès que je le reposais, et j’avais vraiment hâte de continuer ma lecture. Les histoires des personnages ne sont pas si originales, mais « New York esquisses nocturnes » possède un charme puissant. L’atmosphère du roman, qui se situe au tournant entre les années 70 et 80 y est bien sûr pour quelque chose. C’est le New York des artistes, quand l’art se situe encore dans les squats, mais où on sent poindre le début du capitalisme : on y croise d’ailleurs Keith Haring ou Jean-Michel Basquiat au tout début de leur carrière, quand ils ne sont pas encore les artistes dont les toiles s’arrachent pour des sommes hallucinantes. Le fait que James soit atteint de synesthésie donne une vraie densité au récit, et une originalité toute particulière aux descriptions, que ce soit des descriptions des femmes du roman, Marge ou Lucy, ou des peintures présentes dans le livre, notamment celles de Raul Engales. Je n’ai pas plus accroché que cela aux quelques passages un peu hallucinés dont Molly Prentiss a parsemé le roman, des « gadgets » d’écriture qui étaient à mes yeux tout à fait dispensables, mais ce sera mon seul bémol.
J’ai aimé les personnages – comment ils sont construits, comment ils réagissent aux drames rencontrés, j’ai aimé l’histoire, j’ai aimé l’atmosphère et l’originalité de la plume. L’art est omniprésent, mais « New York esquisses nocturnes » parle aussi beaucoup d’amour – qu’il soit romantique, fraternel ou maternel. Ce n’est pas la première fois que je lis un roman évoquant des destins croisés, mais celui-ci a quelque chose en plus et se distingue vraiment du lot. Bravo à la traductrice, car le texte est bourré d’impressions et de perceptions et cela a dû être complexe de retranscrire cela de manière fluide. Je suis donc ravie d’avoir un coup de cœur complètement par hasard lors de ma deuxième lecture de la Rentrée Littéraire 2016 ! Un roman à découvrir d’urgence!
Publié en Août 2016 chez Calmann-Levy, traduit par Nathalie Bru, 416 pages.
A noter que l’auteure, Molly Prentiss, sera au Festival America, et participera dans ce cadre à de nombreux événements et débats.
« New York esquisses nocturnes » de Molly Prentiss est ma 2e lecture de la Rentrée Littéraire 2016 et ma 1ere participation au Mois Américain 2016.
et bien te voilà conquise ! je savais qu’elle serait présente au Festival et j’ai lu déjà un billet sur son livre (les référénces à Basquiat…)
mais là plus le temps de tout lire avant le Festival (et j’ai l’esprit un peu trop ailleurs mais j’ai pris un thriller pour remettre le pied à l’étrier).
ton mois américain commence bien !
le seul problème du Mois Américain, c’est qu’il ne dure qu’un mois…^^ tant de livres et si peu de temps !
Je note.
j’espère qu’il te plaira !
J’ai beaucoup aimé ce livre, surtout le personnage de Marge 🙂
de très beaux personnages féminins, effectivement!
J’étais déjà très tentée, je le suis plus encore après ton avis !
hâte de savoir ce que tu en as pensé!
Tu es totalement tentante !!
du coup j’espère vraiment qu’il te plaira!
Je note ton coup de coeur ! La couverture du livre ne me disait rien, mais bon, comme critère de choix … 😉
moi aussi je suis très sensible aux couvertures, et celle-ci n’est pas forcément hyper vendeuse, mais le livre vaut vraiment le coup
Je ne l’avais pas du tout repéré, mais avec un tel coup de coeur, je ne peux que suivre ton avis.
s’il te plait autant que Les Maraudeurs..:)
Je l’espère !
Chouette, je sens que je vais me régaler.
tu comptes le lire bientôt?
L’art n’est pas ma tasse de thé mais tu as l’air tellement enthousiaste ….
il faut dire que j’aime beaucoup les histoires où la peinture ou la musique ont une grande place
Grâce à ton billet super enthousiaste, je viens de demander ce roman en premier pour les matchs de la rentrée littéraire de Price Minister ! Je croise les doigts pour pouvoir le lire !
du coup j’ai la pression, j’espère vraiment qu’il te plaira!
Je ne l’ai même pas encore lu : la honte ! Soeur indigne 🙂
Il me tente beaucoup cela dit, et l’auteur était très agréable au festival. J’ai dû d’ailleurs aller lui parler de la part de ma soeur, en ambassadrice des Bru.
quand je pense que je l’ai lu parce que c’était ta soeur qui l’avait traduit ^^ heureusement que je suis une Bru-groupie 😀
ta soeur n’a pas eu l’occasion de la croiser au festival?
Je note aussi. Je ne connaissais pas du tout, merci pour la découverte 🙂
J’espère que tu aimeras 🙂
Bonjour,
Je viens de lire ce roman, découvert sur le blog. Je l’ai trouvé très bon. J’ai aimé cette vision du New-York underground et les personnages très bien conçus. La tristesse imprègne le roman, deux des trois personnages principaux voyant leur vie s’effondrer dans cette ville où se mêle une bouillonnante créativité avec une profonde solitude.
Bref, le genre de romans qui manquent à la littérature française contemporaine avec une histoire forte et des personnages crédibles.
merci pour ce message ! je suis ravie que vous ayez découvert ce très beau livre sur le blog, et qu’il vous ait plu autant qu’à moi !