Comme pour « New York Esquisses Nocturnes », j’ai lu « La vie idéale » de Jon Raymond car sa traductrice est Nathalie Bru, la soeur de ma comparse de Bibliomaniacs Coralie. C’est vraiment le fait d’avoir un blog qui m’a fait m’intéresser aux traducteurs et aux maisons d’édition (et même à la rentrée littéraire) et incorporer ces critères dans mes choix de lecture. Et je suis ravie d’avoir pu découvrir ainsi un roman qui n’aurait pas forcément attiré mon attention autrement.
Damon et Amy, un couple de trentenaires, décide de quitter Los Angeles pour aller travailler dans une grande ferme bio, qui produit des yaourts et des mueslis sous le nom de « Rain Dragon », une marque qui a une certaine notoriété. Avant d’être embauchés, ils doivent effectuer un stage qui devrait leur permettre de trouver quelle est l’activité qui leur conviendra le plus au sein de la ferme : si Amy s’épanouit très vite avec les abeilles qui génèrent toute une gamme de produits à base de miel, Damon, qui auparavant était comptable dans une agence de publicité, a beaucoup de mal à trouver une activité dans laquelle il se sente utile et efficace…
J’ai beaucoup aimé le début du roman, qui nous fait découvrir les arcanes de cette ferme qui pratique l’agriculture raisonnée et développe sa propre ligne de produits alimentaires. L’entreprise a été fondée par Peter Hawk, qui prône le développement durable, et cherche à faire grandir et à diversifier sa société. J‘étais vraiment intéressée par la façon dont fonctionnait la ferme et les moyens de communication et de marketing utilisés pour faire connaître les produits. J’ai d’ailleurs été un peu surprise par l’amateurisme du marketing de Rain Dragon – on est quand même aux Etats-Unis, le fondateur est tout sauf un doux rêveur, et les produits sont « exportés » dans d’autres états, dans un des secteurs les plus concurrentiels, celui de l’agro-alimentaire. D’autant plus que Rain Dragon est une entreprise dont l’originalité et le succès sont reconnus, à tel point que la société est contactée pour potentiellement organiser des séminaires pour un gros groupe industriel. C’est Damon, qui a pris en main le marketing et la communication de Rain Dragon, qui va s’occuper de mener à bien ce nouveau projet.
En fait, « La vie idéale » est un roman prenant, dans lequel je me suis sentie bien, que j’ai aimé lire – le contexte est très intéressant, Damon, qui est le personnage principal n’est pas ultra charismatique, ses yeux à la fois naïfs et enthousiastes donnent un angle sympathique au roman – mais qui est en fait assez bancal, et je m’en aperçois beaucoup plus maintenant que j’ai quelques jours de recul sur ma lecture. Rien n’est très crédible, que ce soit l’organisation en elle-même de la ferme, la façon de vivre d’Amy et Damon – combien gagnent-ils à la ferme? quel est leur niveau de vie? – cette histoire de séminaires, avec Damon qui se met en tête de ruiner la réputation du concurrent, un poids lourd du secteur, très célèbre, dont les casseroles décrites dans le roman sont tellement énormes et faciles d’accès qu’elles auraient certainement été révélées à la presse depuis longtemps…
Pourtant le livre est vraiment agréable et j’ai senti que Jon Raymond était un excellent conteur: il arrive à rendre attachante cette histoire faite de bric et de broc qui manque un peu de réalisme. La démarche de ce couple à bout de souffle, au niveau personnel et professionnel, qui cherche à changer de vie pour se rapprocher des fondamentaux, trouver un sens à leurs actions, et sauver leur relation, est vraiment intéressante. La ferme biologique était une idée formidable pour servir de contexte à cette histoire. Dommage que le récit s’éloigne au fur et à mesure de cette trame en perdant en route une partie de son intérêt…
Un avis mitigé, donc, pour « La vie idéale » de Jon Raymond. L’auteur est doté d’une jolie plume et d’un talent certain pour conter les histoires, et le roman est basé sur une excellente idée et est très agréable à lire – mais le récit prend malheureusement des virages peu crédibles et a du mal à tenir ses promesses sur la longueur.
Publié en Novembre 2016 chez Albin Michel, traduit par Nathalie Bru, 336 pages.
Nous avons le même avis, j’ai bien aimé mais il y a quelques bémols 🙂
ça m’a donné envie de lire d’autres romans de l’auteur, du coup – peut-être son recueil de nouvelles?
amusant car tu as l’air enjoué au départ et puis ça fait pschhiiittt…
oui j’ai été déstabilisée par le cours que prend le récit
J’avais noté le titre, car l’intrigue m’intéressait vraiment beaucoup. Tu viens de péter ma balloune! (Merci pour l’économie!) Tes bémols risquent de m’agacer un peu trop. Je vais d’abord lire son recueil de nouvelles, que j’ai sous la main. Si le style m’accroche, je verrai par la suite pour son roman…
oui, fais plutôt comme ça 🙂
Ne pas tenir ses promesses sur la longueur, c’est quand même un gros défaut !
c’est vrai – mais en même temps le roman reste plaisant, d’où un avis certes mitigé mais pas négatif
(Mouarf Jérôme.)
Bon, rien d’indispensable dans cette lecture bien qu’elle ne soit pas déplaisante…
voilà, pas forcément à mettre dans les priorités!