Toujours dans le cadre de « Mai en Nouvelles », j’ai enfin lu un recueil qui me tentait depuis plusieurs années : « Une fille bien » d’Holly Goddard Jones.

Et disons-le tout de suite : ce recueil a été une grosse claque! L’auteure nous propose huit nouvelles de format assez long, avec une belle unité. En train d’union, cette expression : « Une fille bien ». Qu’est-ce qu’une fille bien? Que fait-elle, ou que ne fait-elle pas? Pour autant, les personnages principaux ou narrateurs ne sont pas tous féminins.

Dans la première nouvelle éponyme, on fait la connaissance de Jacob, un veuf d’un certain âge qui rencontre enfin une femme qui lui plaît, et à qui il plait. Mais à la même période, le shérif vient l’avertir que son fils Tommy, âgé d’une vingtaine d’années, est accusé d’avoir violé une adolescente…Dans « Espérance de Vie », le coach sportif Theo Burke, homme marié et père de famille, apprend que la lycéenne avec qui il entretient une relation et qu’il entraîne au basket est enceinte. Dans la nouvelle qui m’a le plus marquée, « Pièces détachées », Dana, dont la fille a été assassinée, apprend que son ex-mari attend un enfant avec sa nouvelle femme. Dans « Allégorie de la caverne », Ben, un collégien qui souffre de gros problèmes de vue, passe une journée avec son père, un chauffeur routier souvent en déplacement. Dans « Un homme droit », Matt, qui va bientôt entrer à la faculté, se lit d’amitié avec Robbie, un jeune de son âge en couple avec la splendide Tina. Dans « La théorie de l’immobilier », Ellen, une adolescente, passe ses journée d’été soit dans la piscine de ses voisins – un couple dont le fils est mort noyé il y a quelques années – ou avec sa meilleure amie Ray…Dans « Rétrospective », une femme divorcée apprend que son ex-mari est de retour en ville et se remémore leur vie de couple…Et « Des preuves de l’existence de Dieu » forme un diptyque avec « Pièces détachées » : cette nouvelle évoque la mort de Félicia, la fille de Dana, raconté par l’un des deux meurtriers.

Le format de ces nouvelles, qui se passent toutes dans le Kentucky, est vraiment idéal : j’ai eu l’impression de lire huit petits livres. L »auteure a pris le temps de mettre en place les histoires, de créer des personnages vraiment bien incarnés, et surtout de nous faire connaître leurs sentiments, leurs espoirs, leurs doutes. En effet, même s’il s’y passe beaucoup de choses, les textes sont plutôt introspectifs : ce qui se passe dans la tête des personnages, ce qu’ils ressentent, est plus important que ce qu’ils réalisent.

Holly Goddard Jones livre un portrait assez juste de l’adolescence : Ben ou Ellen sont désormais trop vieux pour la naïveté et l’insouciance, mais trop jeunes pour comprendre le comportement des adultes ou même mener leur propre vie. Quant aux autres histoires, elles mettent en scène, pour la plupart, des situations où tout peut basculer en quelques minutes. Les personnages sont forts, la psychologie est travaillée, l’écriture est tout en délicatesse, les nouvelles sont très bien menées…

Vous l’aurez compris, j’ai vraiment été impressionnée par « Une fille bien ». C’est la première fois que je lis un ouvrage d’Holly Goddard Jones, mais ce ne sera pas la dernière!

Publié en 2013 chez Albin Michel, traduit par Hélène Fournier, disponible au Livre de Poche, 408 pages.

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