J’ai lu un certain nombre de romans de Marie-Hélène Lafon, et j’étais donc curieuse de découvrir son dernier en date : « Histoire du Fils ».
Au Cantal, au début du XXe siècle, on fait la connaissance d’une famille qui comporte des jumeaux, des enfants de cinq ans dont l’un s’appelle Paul. Quelques années plus tard, Paul est lycéen dans un pensionnat où il fait la rencontre d’une infirmière scolaire bien plus âgée que lui, Gabrielle. De cette relation, Gabrielle aura un fils, André. Celui-ci ne sera élevé ni par son père biologique, qui ne le reconnait pas, ni par sa mère, qui le confie à sa sœur Hélène…
Je pense que ce roman de Marie-Hélène Lafon est le plus accessible de son œuvre, le plus susceptible de plaire à un large public, même s’il est sans doute moins marquant qu’un « Joseph » par exemple, car c’est un format court, avec de plus des thématiques qui peuvent faire écho à un grand nombre de lecteurs. J’aime beaucoup les sagas familiales, mais ce sont souvent soit des pavés soit des histoires-fleuves racontées dans plusieurs tomes. Ici, Marie-Hélène Lafon a réussi à écrire une saga familiale condensée, avec une économie de mots, et qui se lit très vite puisque ce texte compte moins de deux cents pages.
J’ai été surprise, car je pensais qu’on allait découvrir dans ce livre l’histoire de Paul. Or, s’il est le personnage principal durant une vingtaine d’années, le récit bifurque pour suivre son fils illégitime, André. L’histoire commence par un drame, terrible, un drame fantôme qui sera le fil conducteur de ce livre, mais le roman est finalement plutôt positif et lumineux. La naissance d’André, enfant naturel à une époque où cela ne se fait pas, où cela pourrait donc être vu comme scandaleux, pour la mère comme pour le fils, pourrait être un nouveau drame, mais ce sera finalement un événement heureux. André est accueilli avec beaucoup de joie par son oncle, sa tante et ses cousines, et via cette famille recomposée, il aura une vie remplie d’amour et de bonheur, même s’il s’interrogera toujours sur l’identité et l’histoire de son père.
Si André est attachant, j’ai beaucoup apprécié les personnages féminins de cette histoire. Gabrielle, la mère biologique, est une femme anti-conformiste, en avance sur son époque. Elle est célibataire, libre, indépendante, et entend bien le rester. Elle est sortie de sa province, de sa condition, pour mener une vie parisienne loin du qu’en dira-t-on : cette grossesse non désirée, alors qu’elle n’est pas mariée avec le père, pourrait faire voler sa vie en éclats, mais elle trouve une solution qui conviendra à tout le monde. La relation entre les deux sœurs est très intéressante, elles sont très différentes, éloignées sur le plan géographique, comme sur la personnalité et le mode de vie, mais elles resteront proches et sauront trouver un équilibre autour d’André.
Un beau roman qui explore les thématiques de la sororité et de la famille recomposée, et qui, de par son format, peut être un bon tremplin pour découvrir l’œuvre de Marie-Hélène Lafon.
Publié en Août 2020 chez Buchet-Chastel, 170 pages.
22e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2020.
A retrouver à l’affiche de l’épisode 1010 du podcast littéraire Bibliomaniacs ici.
j’ai écouté ton podcast ! j’avoue que je serais plutôt de l’avis, zut, tu sais de celle qui s’est ennuyée ? je comprends que pour toi, ce livre te parle par rapport à ta famille et en même temps j’ai entendu tes bémols.
Bref je passe mon tour !
c’est Léo! ah je pense pourtant que tu aimerais !
Plutôt tentant, mais j’attendrai de le trouver à la bibliothèque…
elles sont faites pour ça 😀
Bonjour Eva, j’ai entendu Mme Lafon parler à la radio: un bonheur d’écoute: elle parle aussi bien qu’elle écrit. J’ai noté ce roman. Bonne fin d’après-midi.
oui, je l’ai vue plusieurs fois à La Grande Librairie, et elle s’exprime extrêmement bien !