« Lady Hunt » était l’un des romans pré-sélectionnés pour Octobre, véritable coup de cœur pour certaines de mes co-jurées, pour qui la pilule a été amère lorsqu’ »Esprit d’Hiver » de Laura Kasischke a été élu roman du mois.
« Lady Hunt » est typiquement le livre auquel je n’étais pas censée adhérer en théorie, mais qui, grâce au talent de l’auteur, m’a emportée bien plus loin que je ne l’aurais imaginé.
Il faut dire que malgré mon adolescence aux accents gothiques, je ne suis pas très fan de la littérature du même genre, que j’associe souvent à un enfilage de clichés, ou, quand bien même ce ne serait pas le cas, à des déceptions comme « L’indésirable » de Sarah Waters, dont j’attends quand même avec impatience la prochaine parution.
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Alors forcément, je me suis focalisée sur tout ce que je trouvais irritant ou convenu dans ce roman : le nom de l’héroïne (je suis très sensible aux noms, j’ai d’ailleurs l’impression que « Le Nom des Gens » a été tourné pour moi) -à mes oreilles rétives, « Laura Kern » sonnait faussement mystérieux. Sa couleur de cheveux, rousse, bien sûr. Son ascendance, trouble, forcément. Ajoutons à cela des maisons étranges, une lande galloise et un petit garçon mystérieux, bien évidemment Même l’usage de l’anglais, et le fil conducteur de la « Lady of Shalott » de Tennyson m’ont agacés, comme pour raccrocher ce livre à ses glorieux prédécesseurs britanniques et de facto le légitimer.
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Et pourtant…
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Et pourtant je n’ai pas réussi à lâcher ce livre. La faute à la langue d’Hélène Frappat, riche, souple, fluide qui m’a emportée dans cette atmosphère brumeuse et onirique, à l’héroïne dont la solitude et le questionnement m’ont beaucoup touchée, à cette maladie rare en littérature qui est une formidable toile de fond. Même si les deux romans sont très différents, j’ai pensé à « L’Ombre du Vent » que j’avais beaucoup aimé même si nombre d’aspects me dérangeaient.
Ce livre semble envoûtant…je ne suis pas non plus attirée par ce genre de littérature, a priori, mais il m'attire vu le nombre de billets très positifs que j'ai pu lire.
oui, il y a vraiment quelque chose de magique dans ce livre… je n'avais aucun a priori positif, et pourtant j'ai été conquise! C'est une belle lecture de cette rentrée littéraire.
Tu parles de Sarah Waters. Tu dirais que ça y fait penser niveau style ? J'ai beaucoup aimé certains d'elle, comme Du bout des doigts
non, le style de Sarah Waters et celui d'Hélène Frappat ne sont pas similaires… c'est juste que Sarah Waters s'était lancée dans un roman gothique avec "L'indésirable", que je n'avais pas trouvé assez abouti, et qui m'avait déçue. Sinon j'ai lu tous ses livres, et j'aime beaucoup Du bout des doigts et Caresser le velours.
Clairement, j'ai eu, moi aussi une adolescence genre gothique (mais seulement genre en fait), et j'ai trouvé l'auteur un peu étrange à la télé, en plus je n'aime pas le rouge et malgré cela ce livre qui m'a fait un bien fou…moi aussi j'ai aimé l'ombre du vent, mais je trouve lady hunt un poil au dessus (littérairement parlant). C'est vrai qu'il y a un peu de convenu mais elle le manie tellement bien que moi ça m'a envoûtée. Son monde me parle, Arthur, les maisons et leurs âmes, la Bretagne, les souvenir, la sororité, et j'aurais vraiment aimé que LAdy Hunt soit plus visible et qu'il passe la sélection de décembre…je sais que c'est trop tard
Et pardon pour la tartine
oui je trouve aussi que Lady Hunt est mieux écrit que l'Ombre du Vent…
fais un putsch à la remise des prix! ;-)) de toute façon, si c'est Kasischke qui gagne, pas sûre qu'elle vienne des USA exprès… tu ramènes Hélène Frappat à la place, et hop le tour est joué! (le seul risque, c'est qu'ELLE refusera de te donner le sac de plage après un coup pareil…)
Je ne suis pas d'accord avec toi sur beaucoup de points mais je suis d'accord sur l'essentiel, c'est un superbe roman. J'ai aimé que le poème de Tennyson serve de fil conducteur, je trouve l'écriture bien plus belle que de Sarah Waters et si Laura m'a un peu gênée, j'ai adoré le choix du nom de famille.
Merci Valérie pour ton commentaire. Comme je l'écrivais à Coralie, la référence à Sarah Waters ne concernait pas le style de l'auteur, qui n'a effectivement rien à voir, l'écriture d'Hélène Frappat est en effet plus belle et littéraire que celle de Sarah Waters, mais le fait que Sarah Waters a publié un roman gothique il y a quelques années, qui m'avait déçu, alors que j'aime beaucoup ses autres romans.