« Mon année Salinger » est un récit autobiographique de Joanna Smith Rakoff, qui raconte l’année qu’elle a passée comme assistante de l’agent de l’auteur culte et reclus. Après « Oona et Salinger » de Beigbeder, et avant « Et devant moi, le monde » de Joyce Maynard, il semblerait que Salinger soit récurrent dans mes lectures !
Joanna entre par hasard comme assistante dans une agence littéraire. Bien que l’histoire se passe en 1996, l’atmosphère y est désuète, et Joanna se retrouve à taper toute la journée sur une antique machine à écrire, alors qu’on est à NY en plein boom informatique (même moi j’avais un ordinateur en 1996!). Le titre de gloire de l’agence est de représenter JD Salinger, et Joanna – qui n’a jamais lu aucun de ses romans – est chargée de répondre aux milliers de lettres de ses fans, l’auteur refusant de recevoir le moindre courrier. JD Salinger est pour elle une voix – sympathique – au téléphone, mais elle découvre au fil des lettres de fans l’ampleur de ce qu’il représente pour eux, qu’ils soient adolescents se retrouvant dans le héros de l’Attrape-Cœur, parents meurtris ou anciens combattants, et cela sera le déclic pour se plonger dans l’oeuvre de l’écrivain.
Mais c’est aussi une année charnière pour la vie privée de Joanna qui a rompu avec son petit ami de fac pour vivre une vie de bohème avec un aspirant écrivain, galère pour joindre les deux bouts avec un salaire de misère alors qu’elle doit rembourser l’emprunt qui a financé ses études, et voit ses meilleurs amis se ranger et s’éloigner de New York. Elle devra également faire des choix cruciaux concernant son avenir professionnel.
J’ai apprécié le récit de cette découverte tardive et originale de Salinger et de son impact sur son lectorat. C’est une histoire d’apprentissage qui se lit très bien et j’ai été intéressée par le fait qu’elle se passe en grande partie chez un agent littéraire puisque c’est un métier qui n’est pas du tout répandu en France, contrairement aux pays anglo-saxons. Pas sûre d’ailleurs que l’ancienne patronne de Joanna ait aimé ce livre, vu le portrait que l’auteur fait de cette femme excentrique, qui refuse la modernité et perd un à un tous ses clients, dont la très célèbre Judy Blume, et renvoie de façon bête et disciplinée à Winona Ryder une lettre originale de JD Salinger que celle-ci avait racheté aux enchères pour justement la rendre à l’écrivain.
Une lecture intéressante, qui donne vraiment envie de se replonger dans l’oeuvre de Salinger.
43e contribution au Challenge 1% rentrée littéraire 2014 organisé par Hérisson.
Publié le 27 août 2014 aux Editions Albin Michel, traduit par Esther Ménévis, 300 pages.
C'est grâce à ce roman que je me suis enfin décidée à découvrir Salinger. J'ai lu "L'attrape-coeurs" et ce fut une déception en partie à cause de la piètre traduction. Il faudra que je tente un autre titre et je penche particulièrement pour "Frannie et Zooey" dont Joanna parle justement dans son livre.
Comme toi, je me suis dit qu'il y avait un truc autour de Salinger en ce moment! Du coup, il faut vraiment que je lise "L'attrape-coeur"! Ce que j'ai apprécié dans le roman de Rakoff, c'est ce contexte littéraire car je ne connaissais pas le métier d'agent littéraire.
Autant les deux autres livres que tu cites ne me tentaient pas mais celui-là pourquoi pas.
Salinger, un de mes chouchous… Du coup, je suis sceptique sur tous ces romans qui "tournent" autour de lui…
@Aaliz : moi aussi j'ai très envie de lire Franny et Zooey
@Fleur: j'ai vu que tu avais lu l'Attrape-Coeur récemment 🙂 oui moi aussi ça m'a plu que le récit se passe dans une agence
@Tiphanie : je pense que "Et devant moi, le monde" vaut vraiment le coup
@Noukette : comme c'est un auteur culte, le prendre comme sujet d'un livre attire du monde