Je connaissais Fannie Flagg comme l’auteur de « Beignets de tomates vertes » dont j’avais vu l’adaptation cinématographique, mais je n’avais encore jamais lu un de ses romans. Le dernier en date publié en France, « La Dernière Réunion des Filles de la Station Service » m’a attirée avec son titre original et m’a fait franchir le pas.
« La Dernière Réunion des Filles de la Station Service » est un roman plutôt léger dans son traitement, mais qui aborde des thèmes intéressants : Sookie est une femme déboussolée qui ne se sent plus légitime dans sa vie. Elle ne sait pas si elle doit confronter sa mère Lenore ou se taire, et comment gérer ce fameux héritage du Sud, si important pour Lenore, et auquel elle ne se sent plus avoir droit : Lenore a toujours poussé sa fille à se dépasser pour être digne de son pedigree, être jolie comme elle, élégante, être une Fille de la Révolution, aller dans la bonne université puis dans la bonne association d’élèves, faire un bon mariage, et Sookie, qui ne s’est jamais sentie à la hauteur de sa mère et des ambitions de celle-ci, a l’impression d’avoir usurpé une identité.
Quant à l’histoire de la famille Jurdabralinski, elle donne l’occasion de faire la connaissance de Fritzi et de ses trois soeurs, qui étaient de jeunes femmes durant la Seconde Guerre Mondiale. Lorsque leur père tombe malade et n’est plus en mesure de tenir sa station service, les quatre filles reprennent elles-mêmes la station, gérant de façon moderne des activités jusqu’alors exclusivement prises en charge par des hommes. Fritzi, l’aînée, découvre le pilotage d’avion, et devient une pionnière du vol acrobatique. Lorsque la guerre éclate, elle et ses soeurs s’engagent dans les WASP et deviennent pilotes de guerre.
Fannie Flagg dépeint à merveille l’atmosphère de l’Alabama, et brosse de très beaux portraits de femmes, que ce soit Sookie, que cette découverte réconciliera avec elle-même et qui pourra enfin s’affirmer par rapport à sa mère Lenore, un sacré personnage, ou Fritzi et ses soeurs et camarades, de jeunes femmes modernes et courageuses, qui prendront la relève lorsque les hommes seront à la guerre, mais seront renvoyées dans leurs pénates après-guerre et n’auront aucune reconnaissance. J’ai beaucoup aimé également les couples décrits dans cette histoire, que ce soit Earle et Sookie, ou Fritzi et Billy, et je lirai avec plaisir d’autres romans de cette auteur.
Malgré quelques petits éléments peu plausibles – Lenore arrive à faire passer un enfant âgé d’un an pour un bébé de deux mois? Alors que Sookie a Internet chez elle, elle ne s’en sert pas pour se renseigner sur sa mère biologique?- « La Dernière Réunion des Filles de la Station Service » de Fannie Flagg est un joli roman très agréable à lire, qui rend un bel hommage à ces femmes qui ont pris leur destin en main pendant la guerre, et évoque des thèmes universels, comme la transmission de valeurs, la construction d’une identité ou les relations mère-fille. Une bonne lecture pour cet été.
Publié le 2 Avril 2015 aux Editions du Cherche-Midi, traduit par Jean-Luc Piningre, 462 pages.
J'ai ce dernier ouvrage, ainsi que le précédent ("Les petits secrets de miss Alabama") dans ma PAL, ce sera l'occasion de retrouver l'univers de Fannie Flagg que j'ai beaucoup aimé dans "Les beignets…".
Le sujet est certes intéressant, mais je ne suis pas sûre d'être convaincue par le traitement…
Un livre plein de vitalité et qui fait du bien.
@Clara : exactement!
@Delphine Olympe : ce n'est pas le roman de l'année, mais je l'ai trouvé d'honnête facture
@Miss Alfie : du coup je vais lire Miss Alabama, et Beignets de tomates vertes!