Rebecca – Daphné du Maurier

Pour inaugurer ma participation au challenge « A year in England » organisé par Titine à la suite du succès du « Mois Anglais », mois qui passe toujours trop vite, j’ai choisi un classique de la littérature anglaise du XXe siècle : « Rebecca » dans sa nouvelle traduction par Anouk Neuhoff.

J’ai lu il y a quelques semaines l’excellente biographie de l’auteur Daphné du Maurier par Tatiana de Rosnay, ce qui avait renforcé mon envie de « Rebecca », d’autant plus que la sortie de cette biographie coïncidait avec la sortie de la nouvelle traduction, la traductrice originelle de Rebecca en Français ayant apparemment fait pas mal d’erreurs et ayant aussi coupé tout ce qui ne lui plaisait pas dans le roman, c’est à dire un total d’une quarantaine de page (quand même!)
Je connaissais déjà l’histoire racontée dans ce livre, ayant vu il n’y a pas très longtemps la célèbre adaptation cinématographique par Alfred Hitchcock. La narratrice, dont on ne connaîtra pas le nom – on sait juste qu’il est un brin exotique – est une jeune fille orpheline et sans le sou, qui travaille comme dame de compagnie pour une vieille Américaine insupportable, Mme Van Hopper, qui adore résider dans des hôtels de luxe et discuter avec des gens connus. Lors d’un séjour à Monte-Carlo, son employeuse rencontre Maxim de Winter, un quadragénaire propriétaire d’un célèbre manoir appelé Manderley et qui a perdu son épouse il y a peu de temps. La jeune fille et Maxim sympathisent et lorsque Mme Van Hopper décide de la ramener aux Etats-Unis, Maxim de Winter lui demande de l’épouser. La jeune fille va donc vivre avec lui à Manderley dans un monde dont elle ne connait pas vraiment les codes, et où la défunte épouse de Maxim, Rebecca, est encore dans toutes les mémoires.
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Daphné du Maurier

« Rebecca », c’est une sorte d’adaptation moderne de « Jane Eyre » : une jeune fille se marie au-dessus de sa condition avec un homme qui cache de lourds secrets…mais si la précédente épouse dans Jane Eyre est en fait bien vivante, celle de Maxim de Winter est décédée mais c’est comme si elle était toujours là : on ne parle que d’elle et de sa beauté, son intelligence, son charisme, son autorité naturelle. Là où la narratrice fait petite fille empotée, timide, mal à l’aise, enchaînant bourdes sur bourdes, Rebecca est la Femme dans toute sa splendeur. Les comparaisons vont donc bon train, et jamais en faveur de la seconde épouse. Celle-ci déchante donc rapidement, d’autant plus que son mari semble hanté par son passé et sa vie conjugale avec Rebecca. Cette femme, malgré son décès, passe au premier plan et elle est le personnage principal du roman, et non la narratrice anonyme. C’est elle la véritable maîtresse du manoir Manderley, d’autant plus que la gouvernante Mme Danvers lui voue un culte au-delà de la mort et fait tout pour mettre la jeune fille mal à l’aise, lui faire comprendre qu’elle est une intruse qui ne sera jamais à la hauteur de Rebecca, et la pousser à la faute.

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Scène du film Rebecca :
la jeune femme et Mme Danvers

J’ai adoré ce livre, qui est un savant cocktail de tout ce que j’aime en littérature : « Rebecca » est un roman d’amour contrarié puisque la narratrice est très attachée à Maxim de Winter, qui malgré sa gentillesse semble toujours penser à son épouse décédée, mais surtout d’apprentissage puisqu’il met en scène une jeune fille, à laquelle il est facile de s’identifier, plongée dans un monde qui n’est pas le sien, et qui finira par perdre son côté godiche pour devenir une femme pleine de sang froid. Mais c’est aussi un roman à suspense mettant en scène une femme fatale et manipulatrice et un homme tourmenté sous ses bonnes manières, et un roman gothique avec ce manoir hanté par la présence de Rebecca et tenu d’une main de fer par l’inquiétante Mme Danvers.

Le roman est extrêmement bien écrit, il se lit tout seul, et j’ai été plongée sans effort dans les différentes atmosphères, que ce soit celle de l’hôtel où Maxim et la narratrice se rencontrent, celle du manoir, celle du grand bal…Daphné du Maurier a réussi le tour de force de faire vivre et passer au premier plan un personnage décédé, donc qui ne parle pas et n’agit pas, et cela donne une dimension très particulière au récit avec une narratrice qui semble au début être spectatrice d’une vie qui n’est pas la sienne. Je n’avais pas lu le livre dans sa précédente traduction donc je ne peux pas faire de comparaison, mais le récit coule ici de façon très fluide et est vraiment très agréable à lire. »Rebecca » de Daphné du Maurier est vraiment un roman à lire absolument, c’est un « classique » pas du tout poussiéreux et qui reste très moderne – un grand plaisir de lecture !

Publié dans sa nouvelle traduction le 25 février 2015 aux Editions Albin Michel, 534 pages. 1ere édition française 1940.

1ère participation au challenge « A year in England »

15 commentaires sur “Rebecca – Daphné du Maurier

  1. Ton billet m'a fait replonger dans le livre et dans le film ! J'ai lu l'histoire mais dans une version anglaise quand j'étais ado (puis en français) je ne me souviens pas de passages coupés .. En attendant, Rebecca reste un grand classique surtout quand on apprend à quoi ressemblait vraiment cette fameuse épouse décédée !

  2. C'est intéressant de voir la comparaison de que tu fais avec "Jane Eyre", et je suis entièrement d'accord dessus. "Jane Eyre" étant mon roman préféré, c'est certainement pour cela que j'ai autant aimé "Rebecca"!

  3. @Lucie Chipounette : les critiques sont unanimes, on dirait 🙂

    @Galéa : je ne sais pas exactement, vu que je n'ai pas lu l'ancienne version…dans une itw, la nouvelle traductrice a dit que plein de bouts avaient été coupés et qu'il y avait de nombreux contre-sens et non-sens…

  4. ton résumé est très complet sans trop en dévoiler, je l'ai lu il y a des années, dans son ancienne traduction donc et l'ai beaucoup aimé, je pense que je lirai aussi cette nouvelle version.

  5. Je suis ravie de lire ton avis puisque j'adore moi aussi "Rebecca". Il faut que j'achète la nouvelle version pour comparer avec l'ancienne. Tu as raison de dire qu'il s'agit d'un classique pas du tout poussiéreux, je trouve qu'il n'a pas pris une ride et l'atmosphère y est toujours aussi saisissante.

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