La Dame de Zagreb – Philip Kerr

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Ayant lu tous les Philip Kerr, sauf « Hôtel Adlon » qui passe systématiquement à la trappe, et ayant été agréablement surprise par son dernier roman « Les Ombres de Katyn » sorti en Mars 2015, je me suis donc précipitée sur « La Dame de Zagreb », son nouvel opus, et j’en suis ravie car lui aussi est un bon cru.
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On retrouve dans « La Dame de Zagreb » le héros récurrent de Philip Kerr, Bernie Günther, un ancien policier et détective, incorporé automatiquement dans la SS mais qui est dégoûté par les agissements des Nazis, d’autant plus qu’il est au courant de l’extermination des Juifs. L’auteur n’écrivant pas la série dans un ordre chronologique, on retrouve Bernie Günther, qui était à Katyn en 1943 dans le précédent tome, à Marseille en 1956, où il voit au cinéma un film où joue la grande actrice Dalia Dresner. Cela lui rappelle l’époque où il a connu de très près la comédienne, dont Goebbels était tombé amoureux. Un flash-back nous ramène alors à 1942.
L’intrigue est en fait articulée en deux parties, l’une située juste avant « Les Ombres de Katyn »,  et l’autre juste après. Dans la première partie, Günther est invité à donner une conférence lors d’un colloque sur le crime situé dans la Villa Minoux à Wannsee – la même villa où avait eu lieu la conférence sur la solution finale (en tant que francophone, c’est d’ailleurs assez choquant de penser qu’une conférence à l’issue aussi horrible ait pu avoir lieu dans un endroit au nom aussi mignon et inoffensif…) L’ancien détective est d’ailleurs engagé par l’avocat de Friedrich Minoux, ancien propriétaire de la Villa, condamné à la prison pour avoir escroqué la Compagnie de Gaz Berlinoise et qu’il avait connu dans les années 30, afin d’enquêter sur une possible autre escroquerie impliquant la société désormais propriétaire de la Villa.
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Il est étonnant -et un peu frustrant- que le personnage qui a donné son titre au roman, l’actrice Dalia Dresner donc, n’apparaisse finalement qu’assez tard dans le récit, après le retour de Günther de Katyn. Goebbels lui donne alors une nouvelle mission : se rendre dans un monastère près de Zagreb pour retrouver le père de Dalia Dresner et l’inviter à rejoindre sa fille en Allemagne, condition sine qua none pour que Dalia Dresner accepte de tourner dans le prochain film supervisé par Goebbels. Cette mission impliquera ultérieurement que Günther se rende à Zurich, où habite Dalia Dresner quand elle ne tourne pas, afin de lui donner des nouvelles de son père.
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Philip Kerr
On retrouve donc Bernie Günther dans deux pays qui ne sont pas habituels dans les romans de guerre : la Suisse et l’ex-Yougoslavie. Comme d’habitude, Philip Kerr mêle fiction et réalité dans ses intrigues, que ce soit dans les faits ou pour les personnages.  Bernie Günther découvre un chaos monstrueux en Yougoslavie, où Serbes, Bosniaques, Slovènes et Croates se massacrent mutuellement, un triste présage de ce qu’il se passera cinquante ans plus tard. Quant à la Suisse, c’est l’occasion pour l’auteur de nous parler de l’opération Tannenbaum, le projet d’Hitler d’envahir la Suisse en dépit de sa neutralité.
Le roman est très accessible et plaisant à lire, avec un solide fond historique. Comme les romans ne sont pas écrits dans l’ordre chronologique, c’est aussi l’opportunité d’en savoir un peu plus sur la vie privée de Bernie Günther, et notamment comment il a rencontré sa femme, et pourquoi il l’a épousée. J’ai quand même trouvé que la première partie patinait un peu car je ne comprenais pas où l’auteur voulait en venir, vu que Dalia Dresner, qui est pourtant une figure centrale du roman, n’apparaissait pas du tout dans le récit. A la fin du livre, l’auteur cite les personnages de son roman qui ont réellement existé et indique ce qui leur est arrivé. Dalia Dresner n’a quant à elle pas existé, mais pour l’anecdote Philip Kerr s’est en partie inspiré pour ce personnage d’une actrice réelle, Hedy Lamarr, qui était également scientifique, a mis au point un système de codage des transmissions qui est encore utilisé de nos jours avec les téléphones portables!
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« La Dame de Zagreb » de Philip Kerr, 10eme tome de la série des Bernie Günther est donc une lecture agréable avec un contexte historique bien maîtrisé et plutôt original. A découvrir sans problème si nous n’avez pas lu les précédents, puisque tous les tomes peuvent se lire de façon indépendante.
Publié le 13 Janvier 2015 aux Editions JC Lattes-Le Masque, traduit par Philippe Bonnet, 450 pages.
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2e participation au Challenge Rentrée Hiver 2016 organisé par Laure de MicMelo.
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Challenge Rentrée littéraire janvier 2016

7 commentaires sur “La Dame de Zagreb – Philip Kerr

  1. Comme j'avais beaucoup aimé " Deux dans Berlin" de Birkefeld et Hachmeister, on m'avait conseillé les livres de Philip Kerr (Ecossais et non Allemand )apparemment dans la même veine. Votre billet m'incite à les sortir de ma PAL et à passer à leur lecture !

  2. @ Anonyme : il me semble effectivement que vous en avez un certain nombre dans vos rayonnages, et qui n'ont même pas été volés à la bibliothèque de Valenciennes…^^ attention, la qualité des romans de Philip Kerr est assez fluctuante, tous ne sont pas forcément très bien écrits ni très bien ficelés..

  3. Personnellement j ai hate de le lire car j ai lu tous les tomes de Bernie Ghunter (meme l'hotel Adlon) et j adore…. j ai aussi lu Deux dans Berlin et c'est une bonne lecture…

    alors merci pour cette avant gout…

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