J’avais raté « Les Partisans » d’Aharon Appelfeld à sa sortie, et j’étais donc ravie d’avoir l’occasion de me rattraper en le lisant dans le cadre du Prix du Meilleur Roman des Lecteurs Points, le thème m’intéressant beaucoup. Malheureusement j’ai été plutôt déçue de ce livre qui me tentait tant…
En Ukraine pendant la Seconde Guerre Mondiale, un groupe de Juifs de tout âge vit en groupe dans la forêt. Ils ont échappé au ghetto, à la déportation et aux camps, et tentent d’échapper aux Allemands qui les traquent, grâce à la lutte armée et au pillage des fermes avoisinantes, tout en essayant de faire dérailler des trains pour libérer un maximum de leurs coreligionnaires. L’histoire nous est racontée par Edmund, un adolescent de dix-sept ans.
Sur le papier, cette histoire avait tout pour me plaire. J’aime beaucoup le film « Les Insurgés » d’Edward Zwick avec Daniel Craig, qui raconte également une histoire de partisans juifs, hommes et femmes, jeunes et vieux, vivant en groupe dans la forêt et luttant contre les nazis tout en tentant de sauver la vie de centaines de Juifs. Il existe de nombreux livres sur la Shoah, mais finalement assez peu de romans évoquant l’histoire de partisans juifs et j’étais curieuse de la façon dont Aharon Appelfed pourrait traiter ce thème. Mais j’ai été déstabilisée par « Les Partisans » : le rythme est lent, presque onirique alors que je m’attendais à un rythme vif de récit de guerre. Les personnages – de tout âge, hommes, femmes, et enfants – menés par le charismatique Kamil, sont attachants, mais il règne une curieuse atmosphère dans ce roman, où tout le petit groupe est gentil, raisonnable, raisonneur et non-violent. Il n’y a quasiment aucun affrontement, que ce soit avec les Nazis ou les Ukrainiens, et quand cela arrive, le petit groupe ne tue personne, mais fait la leçon, demande des excuses, fait promettre de ne pas recommencer… Un tel angélisme m’a paru au mieux extrêmement surprenant au pire assez invraisemblable.
Pourtant il y a des moments très beaux dans « Les Partisans » : des conversations sur l’importance de l’Homme et de la religion, des passages où Edmund voit en rêve ses parents encore vivants… Il y a beaucoup de belles idées, mais je n’ai pas trouvé que le roman décollait vraiment. Même Edmund, qui est le narrateur, manque d’épaisseur et ne tient pas vraiment son rôle malgré quelques moments émouvants, notamment quand il évoque ses parents, ou son indifférence envers eux lorsqu’il était obnubilé par une jeune fille non-juive de son lycée…
Tout n’est pas mauvais dans « Les Partisans » d’Aharon Appelfeld et je ne l’ai pas lu avec déplaisir, mais avec quand même une vague sensation d’ennui. C’est vraiment dommage car j’attendais beaucoup de ce livre et je n’ai pas réussi à accrocher à ce que propose l’auteur…
Publié le 21 mai 2015 aux Editions de l’Olivier, traduit par Valérie Zenatti, 318 pages, en poche chez Points
Ah j’attendais beaucoup de ce livre également ! Et dès que j’ai lu les premiers mots de ton billet, j’ai pensé immédiatement au film « Les insurgés » que j’adore ! J’étais ravie de voir que tu le citais.
Je comprends ton désarroi, car réussir à échapper aux Allemands et ensuite se « comporter gentiment » me semble peu réaliste, ils risquaient leurs vies – je crois que le film est plus réaliste en ce sens.
Je me souviens d’avoir lu récemment un article sur le fait que les Juifs s’étaient, soi-disant, laissés faire pendant la guerre or c’est faux et si les familles ont tenté de fuir, beaucoup ont pris des risques énormes et ceux qui pouvaient se battre l’ont fait. Il est évident que personne ne pouvait décemment penser qu’on allait les exterminer. Bref, merci pour cette chronique !
oui mon plaisir de lecture a souffert de cette comparaison avec « Les Insurgés » qui à moi aussi me semble bien plus réaliste, tant sur les combats avec les Nazis que sur la vie de groupe – dans ce livre tout le monde s’entend bien, tout le monde mange à sa faim, les paysans locaux qui refusent de les aider tout comme les Nazis capturés sont traités avec bonté, on leur fait seulement des petites remontrances, il y a très peu de combats avec les Nazis…seule la fin apporte quelques bémols . Même si la souffrance et la mort sont évoquées, ce côté un peu Bisounours m’a agacée
Tout à fait mon ressenti à propos de ce roman…
ouf je ne suis pas toute seule…
Ce livre m’est tombé des mains.
je peux comprendre…
Lent et onirique, j’ai envie de dire « beurk » !
non Jérôme ça ne mérite pas un « beurk » pour autant ^^
Je le lirai peut-être pour me faire mon avis 🙂
Très honnêtement, je doute qu’il te plaise…