Je suis allée voir il y a quelques temps l’exposition « Frédéric Bazille. La jeunesse de l’impressionnisme » au Musée d’Orsay, et plusieurs personnes m’ont conseillé de lire un ouvrage publié récemment par Michel Bernard qui évoquait le jeune peintre, « Deux remords de Claude Monet ».
Avant que l’exposition ne soit à l’affiche, je n’avais jamais entendu parler de Frédéric Bazille ni vu aucune de ses toiles, je ne connaissais pas non plus l’auteur du livre, Michel Bernard, pourtant originaire de Lorraine tout comme moi. Les deux remords de Claude Monet, ce sont deux personnes chères à son cœur qui ont disparu trop tôt : son ami et collègue peintre Frédéric Bazille, et sa première épouse Camille, qui fut aussi le modèle de certaines de ses œuvres.
La première partie est consacrée à Frédéric Bazille, et commence avec une scène saisissante en 1870: Gaston Bazille, le père du jeune peintre, vient d’apprendre la mort de son fils, engagé volontaire dans un corps de zouaves, à Beaune-la-Rolande. Il traverse la France dans des conditions très difficiles pour tenter de récupérer le corps de Frédéric. Ce premier chapitre est remarquablement écrit et humanise les personnages de ce livre. Derrière les artistes célèbres qui sont évoqués – Monet, Manet, Renoir…- ce sont des êtres humains, des pères, des fils, des amis, des époux dont cet ouvrage nous parle. Frédéric Bazille a été fauché en pleine jeunesse, à même pas trente ans, avant d’avoir réellement pu accéder à la célébrité comme le feront plus tard ses amis. Un Frédéric Bazille qui contrairement à ses camarades vient d’une famille aisée, et n’hésite pas à acheter à Monet une de ses œuvres, « Femmes au jardin » pour que celui-ci ait de quoi vivre. Cette toile, qui est un fil conducteur dans ce récit, représente quatre femmes : l’une est une jeune modèle dont Bazille était amoureux, les trois autres sont des représentations de la compagne de Monet, Camille.
Camille Doncieux était une jeune modèle devenue la compagne de Monet, puis sa femme. Elle sera représentée sur nombreuses de ses toiles – mais aussi sur des peintures de Renoir et Manet – et soutiendra toujours son mari, dans les moments difficiles comme dans les périodes plus fastes. Camille était la femme discrète derrière la réussite du peintre, et la deuxième partie de « Deux remords de Claude Monet » lui rend hommage.
La dernière partie nous montre Monet, vieillissant, atteint de cataracte, à Giverny. L’ homme a vécu plusieurs deuils – sa première épouse bien sûr, mais aussi sa deuxième femme Alice, son fils, la fille aînée d’Alice…- et il habite désormais avec sa belle-fille Blanche, doublement belle-fille puisqu’elle est à la fois la fille d’Alice et la veuve de son fils Jean Monet. C’est un homme qui n’a oublié ni son amour pour Camille, ni ses amis. Internationalement célèbre, il use de son argent et de ses relations pour aider notamment les veuves de ses camarades peintres qui n’auront pas connu la gloire de leur vivant. Monet offre les Nymphéas à la France, à condition que l’Etat accepte d’acquérir les fameuses « Femmes au jardin »…
Michel Bernard retrace dans cet ouvrage à l’écriture simple et juste la vie de Claude Monet, du moment où il rencontre Camille jusqu’à sa mort en 1926. Ce n’est pas une biographie détaillée mais plutôt un portrait à trois facettes- celui d’un ami, d’un époux, d’un grand artiste. J’aime beaucoup la peinture, et Monet est un artiste que j’apprécie, mais si je connais plutôt bien ses œuvres, j’en savais peu sur sa vie et sur son art. Je ne savais pas du tout qu’il s’était exilé en Angleterre pendant la guerre de 1870, ni que sa femme avait été son modèle, je ne savais pas non plus que le Musée de l’Orangerie avait été ouvert en 1927 afin d’accueillir les Nymphéas, un projet soutenu par Georges Clémenceau, grand ami de Monet.
« Deux remords de Claude Monet » est un livre sobre qui ravira les amateurs d’impressionnisme, puisqu’il donne de nombreux détails sur la production artistique de Monet, mais aussi sur sa technique et sur son art, en la replaçant dans un contexte historique. Fait assez rare, le livre contient quatre reproductions en couleurs de peintures de Monet que le récit met en avant. Il ne faut pas s’attendre à un livre romanesque ou trépidant, mais c’est un ouvrage à la fois riche en détails et sans fioriture, grâce auquel je ne verrai plus les toiles de Monet ni les expositions sur l’impressionnisme de la même manière.
Et vous pouvez donc encore aller voir jusqu’au 5 Mars la belle exposition consacrée à Frédéric Bazille au Musée d’Orsay. J’ai particulièrement aimé ces deux tableaux (oui, apparemment Frédéric Bazille aimait bien peindre de jolis postérieurs masculins!). Et puis ce musée – mon préféré à Paris! – est vraiment l’endroit idéal pour les amateurs d’impressionnisme!
Publié en Août 2016 aux éditions La Table Ronde, 224 pages.
38e lecture de la Rentrée Littéraire 2016.
Exposition « Frédéric Bazille. La jeunesse de l’impressionnisme » jusqu’au 5 Mars 2017 au Musée d’Orsay.
Fermé le lundi, tarif normal : 12 euros pour le musée et les expositions temporaires.
Je suis comme toi, fan du musée d’Orsay… Forcément, puisqu’il regroupe les collections de ma période littéraire et artistique préférée !
J’ai été assez tentée par ce livre. J’espère vraiment trouver l’occasion de le lire.
si tu es fan d’impressionnisme et du Musée d’Orsay, ce livre est clairement pour toi !
Joli billet ! J’ai été fan dans ma jeunesse de ce mouvement et je connaissais donc l’histoire de ce peintre et son destin.
Je suis sûr que ce livre plairait à Elo-Alice (Quai des Proses), on avait adoré Sacré Bleu donc je note aussi ce livre !
et moi je note Sacré Bleu ! (sur Van Gogh c’est ça?)
Il me tente beaucoup… 🙂
une lecture vraiment enrichissante !
🙂
je viens de lire ton billet, toi aussi tu as été conquise !
C’est vrai que c’est drôlement tentant…!
tu parles du livre ou des postérieurs masculins? 😀
Et pour continuer avec Michel Bernard, paru avant ce roman, Les forêts de Ravel, à propos d’ un épisode de la vie du musicien que je ne connaissais pas, son engagement comme ambulancier pendant la guerre 14-18 et les forêts dont il est question, les Vosges si je me souviens bien. Dans une langue superbe, cela avait été une belle découverte de cet auteur.
merci pour cette idée de lecture, j’ai vraiment apprécié la découverte de cet auteur!