Promenons-nous dans les bois – Bill Bryson

Promenons-nous-dans-les-bois

4 coeurs

Cela faisait une éternité que je n’avais pas lu de livres de Bill Bryson, et c’est à l’occasion du Bibliomaniacs de Mars spécial « Nature » que j’ai eu l’occasion de découvrir « Promenons-nous dans les bois », ouvrage où l’auteur nous raconte son expérience de randonnée sur le sentier des Appalaches en 1996.

Pour ceux qui, comme moi avant de lire le livre, ne connaissent pas le sentier des Appalaches, et s’imaginent un petit chemin sympa en montagne, il faut déjà préciser que ce sentier est long de plus de 3500 kilomètres (!) et qu’il traverse 14 états! C’est une randonnée mythique, qui représente un grand défi, celui de la faire en entier, et en une seule fois.

sentier appalaches

Avec son humour habituel, Bill Bryson nous raconte son expérience du sentier, en compagnie de son vieil ami Stephen Katz, avec qui il avait déjà parcouru l’Europe lorsqu’il était étudiant. N’importe qui choisirait un compagnon sportif et débrouillard pour une telle aventure, mais bien sûr ce serait trop facile! Stephen Katz est obèse, alcoolique repenti, n’a pas vraiment de sens pratique, mais par contre il a des réactions étranges et un humour décalé à revendre! « Promenons-nous dans les bois » est donc le récit de leurs aventures sur le sentier – et c’est beaucoup plus savoureux de lire leur expérience en duo plutôt que la partie où Bill revient faire de la randonnée tout seul sur des bouts du sentier – mais aussi une histoire du sentier des Appalaches (en anglais Appalachian Trail), et comme très souvent dans les livres de Bryson, il y a également une facette analytique avec une étude sociologique sur les randonneurs, et une réflexion sur le rapport des Américains à la nature.

bryson
Bill Bryson

Difficile de ne pas avoir envie de prendre son sac à dos et d’aller marcher en plein coeur de la nature après avoir lu ce livre ! Pourtant Bill Bryson ne cache rien de la dureté de cette expérience. La marche est rude, fatigante, avec plus de 20 kg de matériel sur le dos (la randonnée date de 1996, j’espère que depuis le matériel est beaucoup plus léger!) et surtout, on n’en voit jamais le bout! Ce sont cependant des milliers de personnes qui entreprennent chaque année de parcourir en entier ce sentier, mais avec quand même un pourcentage d’abandon très élevé, surtout les premiers jours! L’activité est éminemment solitaire, mais pour ceux qui s’accrochent, elle devient addictive – une fois fini son périple avec Stephen, Bill ne peut s’empêcher de revenir encore et encore sur le sentier pour continuer l’expérience. Comme pour Cheryl Strayed dans « Wild », la marche dans la nature est aussi un moyen de se confronter à ses peurs, et surtout à soi-même. Et des peurs, il y en a : même si le nombre de morts sur le sentier n’est pas très élevé, les ours rôdent et peuvent être très agressifs s’ils sentent du sang ou de la nourriture ou si les marcheurs ont accidentellement une attitude dangereuse. Le sentier a été également le théâtre de plusieurs meurtres, et deux randonneuses seront d’ailleurs assassinées sur un site sur lequel Bryson était passé seulement un mois plus tôt.

La randonnée est l’occasion de multiples rencontres, que ce soit avec le vendeur de matériel en amont de l’aventure, ou sur le sentier avec des passionnés, des randonneurs manquant de savoir-vivre, des marcheurs très décalés ou complètement à l’Ouest. De nombreuses scènes sont bien évidemment comiques, mais Bill Bryson profite aussi de « Promenons-nous dans les bois » pour raconter l’histoire du sentier, une piste mise en place progressivement à partir des années 20, et pour tirer la sonnette d’alarme sur les multiples décisions illogiques et dangereuses prises par le National Park Service lui-même, qui ont entraîné une déforestation massive, la disparition de certaines faunes et flores, et le suraménagement du sentier au détriment de la préservation de la nature.

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« Promenons-nous dans les bois » de Bill Bryson mêle intelligemment expérience personnelle et récit informatif, c’est un récit de « voyage » et un livre de nature writing très agréable à lire, parfois drôle et toujours très pertinent, qui donne envie de faire de la randonnée, mais de la randonnée raisonnable, qui ne mette pas en danger l’environnement et l’éco-système. J’ai maintenant très envie de découvrir « Wild » de Cheryl Strayed (adapté au cinéma en 2014 avec Reese Whiterspoon dans le rôle principal), où l’auteure parcourt un autre grand sentier américain, le Pacific Crest Trail. A noter que « Promenons-nous dans les bois » a été également adapté au cinéma sous le nom de « Randonneurs amateurs », sorti en France en 2016, avec un casting plutôt prestigieux puisque Bill est joué par Robert Redford et Stephen par Nick Nolte!

Publié en 2012 par Payot&Rivages, traduit par Karine Chaunac, 352 pages, existe en poche chez Payot également.

Et Bill Bryson étant anglo-américain, une nouvelle participation au Challenge A Year in England!

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21 commentaires sur “Promenons-nous dans les bois – Bill Bryson

  1. Très très intriguant. J’avais adoré « Wild » de Cheryl Strayed. L’idée de lire un espèce de pendant masculin, en duo et sur un autre sentier me fait de l’oeil. Et si, en plus, l’humour est au rendez-vous, ça me dit!

      1. ah oui ! je suis étonnée que tu ne l’aies pas encore lu ! il fait partie de mon top 3 de l’an dernier. Pour le roman de Bill, je l’ai acheté lors de l’ouverture d’une de mes librairies préférées et depuis il m’attend sagement. Donc j’ai lu ton avis dans les grandes lignes et j’y reviendrai pour comparer nos avis ! mais je sais que ton avis est positif.

  2. J’ai adoré aussi ! J’aime bien le mélange des genres, tantôt rigolades sur ses mésaventures de randonneur, tantôt réflexions sur l’avenir de la nature. Et quel formidable conteur !

  3. Depuis le temps que je dois le lire. Je l’avais même emprunté à la médiathèque il y a quelques années. Mais je l’avais rendu sans même l’avoir ouvert…

  4. Quoique je lise, je suis sûre de ne pas être saisie par une enviede sac à dos 🙂 Par contre, il y a des fans de Bill Bryson sur la blogo qui m’ont fait noter son nom depuis très longtemps et je n’ai pas encore concrétiser : c’est mal…

    1. si tu savais la liste d’auteurs sur lesquels je suis quasi sûre de faire l’impasse…et le nombre de romans que j’ai à la maison et que je suis quasi sûre de ne jamais lire…:D

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