Juliette : les fantômes reviennent au printemps – Camille Jourdy

Après avoir eu un coup de coeur pour « Rosalie Blum » de Camille Jourdy, j’ai eu envie de découvrir d’autres romans graphiques de cette auteure, et notamment « Juliette : les fantômes reviennent au printemps », son dernier ouvrage.

camille jourdyHeureusement que je connaissais déjà l’oeuvre de Camille Jourdy car je n’aime pas du tout la couverture de « Juliette », qui fait penser à un album pour enfants, pastel, naïf et terne. Heureusement, les dessins à l’intérieur du livre n’ont pas du tout le même style, et sont beaucoup plus vifs et pêchus! Juliette, une jeune femme, vient passer quelques jours chez son père, un homme taiseux. Elle est fatiguée et en proie à des angoisses, et vient se ressourcer dans sa ville d’origine. Elle y retrouve également sa mère excentrique – ses parents sont divorcés – qui a un nouveau petit ami et s’est lancée dans la peinture, sa grand-mère qui devient gâteuse, et sa sœur qui supporte de moins en moins sa vie de mère de famille. En voulant visiter la maison où elle a grandi, avant le divorce de ses parents, Juliette rencontre « Monsieur Georges », un homme un peu plus âgé qu’elle, qui mène une vie assez monotone et solitaire, et donc le seul loisir semble être la fréquentation du bar/resto PMU du coin…

J’ai retrouvé dans « Juliette » ce que j’avais aimé dans « Rosalie Blum ». Le roman graphique est tendre, humaniste, avec des personnages attachants. Il y a encore une fois beaucoup de solitude dans ce récit : solitude de l’homme divorcé pour le père de Juliette, solitude de Juliette murée dans ses angoisses, solitude de Monsieur Georges qui vit seul et qui se laisse aller, solitude des gens du PMU qui cherchent un peu de chaleur au café…Il n’y a sans doute que la sœur de Juliette qui se sente submergée, trop entourée, trop sollicitée par son mari, ses enfants, ses parents, et qui n’en peut plus de ce rôle de femme forte, au sens propre comme au sens figuré qui lui colle à la peau.

JULIETTE 1

Camille Jourdy explore avec délicatesse les relations humaines, les dynamiques familiales, les désirs et les failles de chacun. Tous les personnages sont tous très bien réussis, réalistes mais avec cette petite touche décalée chère à l’auteure. Il n’est pas compliqué de se sentir proches d’eux, et de s’y attacher. La relation entre Juliette et Mr Georges est touchante, ces deux solitudes qui se rejoignent et s’épaulent, pour se reprendre en main. J’ai beaucoup aimé également la sœur de Juliette, parfaite ménagère de province de moins de cinquante ans dans ses robes larges à fleur, qui a tellement besoin d’exister en tant que personne et que l’on s’occupe d’elle, elle qui s’occupe depuis toujours de tout le monde.

juliette 2

Ce n’est pas une grande histoire que met en scène Camille Jourdy, quelques jours dans une famille presque ordinaire : des gens lambda, dans une petite ville, qui ont des problèmes assez classiques. Mais la petite touche de fantaisie de l’auteure, son humour décalé (la sœur a un amant, gérant d’une boutique de costumes, qui la rejoint déguisé en peluche géante), son regard tendre font de « Juliette » un beau roman graphique attachant et sensible. Une auteure à suivre!

Publié en Février 2016 chez Actes Sud BD, 240 pages.

5 commentaires sur “Juliette : les fantômes reviennent au printemps – Camille Jourdy

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