Les filles au lion – Jessie Burton

Jessie Burton a connu le succès il y a deux ans avec son premier roman, « Miniaturiste ». Un livre qui se passait dans l’Amsterdam du XVIIe siècle, non dénué de défauts, mais dont j’avais beaucoup aimé l’ambiance. J’étais donc ravie de retrouver l’auteure pour son deuxième roman, « Les filles au lion ».

Comme « Miniaturiste », qui s’inspirait d’une maison de poupées d’époque vue au Rijksmuseum, le cœur des « Filles au Lion » est également une oeuvre d’art, un tableau qui évoque le martyr de  Sainte-Ruffine, une jeune fille espagnole jetée dans l’arène avec un lion qui, au lieu de la tuer, lécha ses vêtements. C’est ce tableau qui fait le lien entre les deux histoires racontées dans ce roman. On fait la connaissance d’Odelle, une brillante jeune femme originaire des Caraïbes qui vit à Londres dans les années 60. Elle a quitté son île natale afin de devenir écrivain, mais a vite déchanté : Londres est bien loin de l’image flamboyante et sophistiquée qu’elle s’en faisait. Depuis Odelle croupit dans un emploi alimentaire dans un magasin de chaussures et est victime du racisme ordinaire. Un jour pourtant, la chance lui sourit, et sa candidature pour un poste de dactylo dans une galerie d’art est acceptée. Sa patronne, Marjorie Quick , l’encourage à écrire et à se faire publier. Odelle rencontre dans une soirée un jeune homme, Lawrie, qui vient de perdre sa mère. Celle-ci lui a légué un tableau auquel elle tenait beaucoup, une très belle oeuvre moderne qui représente deux filles et un lion. Parallèlement, le récit nous entraîne en Espagne en 1936 dans la famille Schloss, où Olive, dix-neuf ans, peine à exister entre son père marchand d’art et sa mère dépressive, et peint en cachette de ses parents…

jessie burton« Les filles au lion » rassemblent tous les éléments pour que ce roman soit un coup de cœur : deux périodes de mutation, les années 60 à Londres, et 1936 en Espagne, année annonciatrice des horreurs de la Seconde Guerre Mondiale. Des personnages féminins brillants, créatifs, en rupture avec leur époque… De l’Histoire, de la romance, de l’art, des secrets de famille, des trahisons, du suspense…Même la couverture du livre (tout comme d’ailleurs celle de « Miniaturiste ») est magnifique et donne envie de lire le roman! Pourtant, même si j’ai apprécié « Les filles au lion », cela n’a pas été le coup de cœur escompté. Si la partie du roman se passant dans les années 60 m’a vraiment plu, j’ai été moins convaincue par la partie espagnole, que j’ai trouvée un peu poussive, parfois flirtant avec le cliché et avec quelques passages un peu longuets.

Les personnages féminins sont néanmoins attachants, avec leur ambition, leur force de caractère, mais aussi leur décalage avec leur milieu. Les peintures sont magnifiquement décrites, on s’attendrait presque à les voir en photo dans le livre. Il y a également beaucoup de mystères et de questions dans « Les filles au lion », ce qui crée une tension et une envie d’aller jusqu’au bout du livre pour obtenir des réponses. J’ai pourtant trouvé que le récit était un peu trop cousu de fil blanc à mon goût avec des coïncidences assez énormes introduites dans l’histoire pour relier les deux parties, l’espagnole et la londonienne…

« Les filles au lion » de Jessie Burton reste néanmoins un très bon livre, bien écrit, riche, qui plaira sans doute au plus grand nombre. Ayant vraiment beaucoup aimé « Miniaturiste », j’ai placé la barre assez haute pour ce deuxième roman, pour lequel j’ai donc plusieurs bémols…Vivement le troisième roman de l’auteure qui, je l’espère, saura me convaincre entièrement!

Publié en Mars 2017 chez Gallimard, traduit par Jean Esch, 496 pages.

24e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2017…et ma quatrième participation au Mois Anglais 2017!

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20 commentaires sur “Les filles au lion – Jessie Burton

  1. oups effectivement, cela ne sent pas le coup de coeur…neammoins..dommage pour les cliches….mais sympa l’histoire de la peinture…;)

  2. J’ai acheté Miniaturiste qui traîne encore dans ma PAL à l’heure où j’envoie ce commentaire, j’ai voulu le lire mais je me suis dis que ce n’était pas la bonne période pour moi. Les filles au lion je l’ai vu en librairie et il m’avait donné envie, j’ai hâte de découvrir déjà Miniaturiste avant de me lancer dans les Filles au lion.

    1. Je n’avais pas trop accroché à la facette « surnaturelle » du Miniaturiste, que j’avais trouvé mal exploitée, mais l’ambiance du livre m’avait vraiment beaucoup plu. Je pensais du coup que le 2e roman serait meilleur, et je pense que j’ai été déçue de préférer le premier…

  3. les deux romans de Jessie Burton sont de bonne facture même si aucun n’a été un coup de coeur. Je suis d’accord avec toi : la partie qui se déroule dans les années 60 avec son racisme ordinaire et la place des Anglais des colonies dans l’Europe post WW2, est vraiment intéressante. Des beaux portraits de femmes créatives pour une histoire un peu cousue de fil blanc, tu as raison également sur ce point. Mais on se laisse prendre au jeu tout de même 🙂

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