Comme vous le savez, je lis très régulièrement les parutions des éditions Sonatine, et j’ai donc récemment lu un premier roman écrit par Lynn Steger Strong, « Contre Moi ».
Même si Sonatine publie beaucoup de thrillers, la maison d’édition sort également des romans à forte teneur psychologique, comme par exemple « Je vous aimais, terriblement » de Jeremy Gavron. C’est le cas de « Contre Moi » qui nous présente une famille abîmée par une tragédie. Maya est professeur à l’université de Columbia. Avec son époux, lui aussi professeur, elle a deux enfants, de jeunes adultes, Ben, étudiant sans problème, et sa sœur aînée Ellie, une très belle fille qui depuis son adolescence n’a cessé d’enchaîner les situations à risque : elle a eu des problèmes de drogue, de mauvaises fréquentations, est tombée enceinte à l’âge de seize ans, a abandonné ses études…Très vite, on comprend qu’il s’est passé un drame, et qu’ Ellie en est responsable. Depuis, ses parents et son frère tentent comme ils le peuvent de continuer à vivre, partagés entre chagrin, colère et culpabilité.
J’ai lu « Contre Moi » en deux fois : j’avais du mal à avancer dans le roman et je l’ai donc mis de côté le temps de terminer d’autres lectures. Attention, ce livre n’est pas mauvais, mais le rythme est assez lent et surtout, je n’étais pas très intéressée par le personnage d’Ellie dont on suit le parcours en 2011, quelques semaines avant le drame, grâce à des flash-backs. Savoir quelle est la tragédie qui s’est produite, qui est assez grave pour qu’on évoque la prison, est d’ailleurs l’élément de suspense du livre, qui n’est ni un roman policier ni un thriller. J’ai par contre beaucoup aimé le personnage de Maya, la mère, que j’ai trouvée très finement décrite par Lynn Steger Strong. Une femme à la croisée des chemins, qui doit gérer sa double culpabilité – culpabilité de mère mais aussi culpabilité d’être à l’origine de la situation qui a dégénéré, mais aussi sa vie de famille, sa vie professionnelle, sa vie de femme. Que ce soit dans ses réflexions sur la relation mère-fille, dans les rapports que Maya entretient avec son mari, avec sa meilleure amie, avec son collègue, avec une ancienne étudiante, l’écriture de Lynn Steger Strong fait mouche et dessine un très beau portrait de femme.
Vous l’aurez compris, j’ai un avis mitigé sur « Contre moi ». Ce roman souffre de baisses de régime, le deuxième personnage principal, Ellie, ne m’a pas convaincue, le drame – qui est supposé être l’acmé du livre, la scène que l’on attend tout au long du récit – n’est pas une réussite, pourtant Lynn Steger Strong a su brosser un très beau portrait de femme, tout en nuances, tant au niveau introspectif que dans des scènes vraiment marquantes (par exemple celle où Maya est invitée à dîner chez son ancienne étudiante). Le récit est bancal, mais il y a des aspects extrêmement prometteurs pour un premier roman, et je lirai avec intérêt le prochain livre de l’auteure.
Publié en Mai 2017 chez Sonatine, traduit par Héloïse Esquié, 304 pages.
Mouais… je suis assez intriguée par ce drame mystérieux et cette panoplie de personnages. Mais j’attendrai sa parution en poche.
Et qu’en est-il des personnages masculins? Bien brossés?
peu de personnages masculins (le père, le fils, le collègue) et ils sont plutôt à l’arrière-plan…
Je l’avais repéré mais je l’oublie alors.
comme je te disais sur ton blog, je suis mitigée, mais il y a quand même un très beau portrait de femme, donc peut-être qu’il pourrait te plaire…
Pas repéré et vu tes bémols, pas certaine de vouloir le lire
en te lisant, j’ai pensé au livre de Lionel Shriver (Kevin) …
oui il y a un point commun avec Il faut qu’on parle de Kevin (enfant à l’origine d’un drame et culpabilité d’une mère) mais les livres sont vraiment très différents – surtout que Kevin est un psychopathe et a tué de sang froid, alors qu’Ellie est « juste » une jeune femme à la dérive, et le drame est accidentel
A chaque fois je bave devant tes chroniques… Tous les romans de chez Sonatine (ou presque !) me donnent envie !
Sinon je suis bien contente de voir que ton blog a rouvert !
C’est malin je t’imagine en train de baver maintenant 😀
ah merci 🙂 , la procédure à suivre était complexe, et demandait du temps, et clairement si tu ne t’y connais pas ou si tu n’as pas quelqu’un qui s’y connait dans ton entourage, c’est mort! là c’était vraiment une question de disponibilité, c’est pour ça que ça a pris autant de temps…