Nulle part sur la terre – Michael Farris Smith

Vous connaissez mon goût pour les parutions Sonatine et pour les romans noirs américains : deux bonnes raisons de lire « Nulle part sur la terre », un livre de Michael Farris Smith.

Une jeune femme marche au bord de la route, accompagnée de sa petite fille. Maben fuit une vie marquée par les difficultés et les drames, mais malheureusement elle n’en a pas fini avec les ennuis. Quant à Russell, il vient de purger onze ans au pénitencier et retourne dans sa ville natale, où vit toujours son père. Mais celui-ci n’est pas le seul à l’attendre : Larry et Walt sont également là, bien décidés à se venger…Les trajectoires de Maben et Russell vont bientôt se croiser…

J’ai apprécié ma lecture de « Nulle part sur la terre », surtout pour ses personnages principaux. Maben, Russell et le père de Russell sont des personnages très attachants. Tous ont connu leur lot de douleur, mais ils sont déterminés à reprendre leur vie en main, et à défaut de peut-être trouver le bonheur, ils aspirent à pouvoir enfin se poser et connaître un peu de calme. La vie de Maben a été marquée par un drame lorsqu’elle était jeune et depuis elle n’a jamais réussi à stabiliser sa vie, même avec la naissance de sa fille, qu’elle cherche pourtant à protéger. Quant à Russell, il a involontairement pris une vie, et détruit la sienne par la même occasion : onze ans de prison et son couple brisé. J’ai beaucoup aimé le personnage du père de Russell qui, après la mort de sa femme, s’est remis en ménage avec une ouvrière mexicaine et oscille entre la tentation de sauver les apparences et son envie d’assumer complètement cette relation.

Le roman est noir, et dur, mais il est écrit avec beaucoup de sensibilité, et on sent l’espoir à travers l’obscurité. Ce n’est pas la première fois que je lis un roman qui se passe dans l’Amérique rurale, avec des personnages sur le fil du rasoir, qui voyagent en bus ou à pied car ils n’ont même pas de voiture, dormant dans des foyers ou des motels, errant de bar en bar, vivant d’allocations ou d’expédients, mais Michael Farris Smith tire son épingle du jeu. On a envie que Maben et Russel s’en sortent, que la petite fille, Annalee, ait un avenir sans taudis, prédateur, tapin ou seringue. 

J’ai quand même un bémol, je n’ai pas du tout adhéré au personnage du « méchant », Larry, qui harcèle Russell et veut sa peau. Je l’ai trouvé mal incarné, vaguement ridicule, et bien moins réussi que les autres personnages. Sa femme ne m’a pas non plus vraiment convaincue. C’est dommage, car si ces personnages avaient été plus réussis, « Nulle part sur la terre » aurait vraiment pu être un coup de cœur…

« Nulle part sur la terre » de Michael Farris Smith est un bon roman noir, qui réussit le pari de ne pas s’enfoncer dans le pessimisme et le misérabilisme. Dommage que mon intérêt ait été émoussé par un personnage que j’ai trouvé peu convaincant, car ce livre a de belles qualités.

Publié en Août 2017 chez Sonatine, traduit par Pierre Demarty, 450 pages.

10e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2017.

4e participation au Mois Américain 2017 organisé par Titine.

17 commentaires sur “Nulle part sur la terre – Michael Farris Smith

  1. C’est finalement peut-être aussi le personnage de Larry (tu as raison, tragi-comique) qui m’a empêchée d’y trouver un coup de cœur ! Quelques défauts mais une bonne lecture, au final…

  2. J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman ! Les personnages principaux sont très convaincants, on n’en revient pas de tout ce qui leur arrive, on voudrait les aider !! Personnellement, je n’ai pas trouvé le personnage de Larry moins convaincant. Sa femme peut-être un peu !

  3. J’ai trouvé le personnage de Larry peu original, mais pas spécialement caricatural. Il a sombré dans les ennuis et rejette sa frustration sur Russell, mais je trouve que l’auteur ne se contente pas d’en faire un simple méchant, il le développe quand même davantage. En fait, je trouve que la plupart des personnages incarnent certains rôles (Maben est la fille qui a sombré, Russell l’ancien détenu tourmenté, Boyd le bon flic père de famille…), et donc Larry pas plus que les autres. Mais j’ai bien aimé ce livre moi aussi.

    1. c’est vrai que la plupart des personnages sont stéréotypés, mais dès le début du roman, j’ai bloqué sur Larry, il sonnait faux à mes oreilles! ce qui ne m’a d’ailleurs pas empêché d’aimer ce livre.

Répondre à Eva Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *