Attention, roulements de tambour, voici « Les Fantômes du Vieux Pays » de Nathan Hill, le livre qui a été annoncé comme LE roman américain de cette rentrée littéraire! Alors, que vaut ce premier roman de 700 pages, que l’auteur a mis 10 ans à écrire?
Une femme est arrêtée pour avoir lancé des cailloux sur le gouverneur Packer. Les médias se déchaînent sur la sexagénaire, Faye Andresen-Anderson, et révèlent le passé sulfureux de celle qui est bientôt surnommée Calamity Packer et accusée de terrorisme. Samuel Anderson, professeur d’anglais à l’université découvre avec stupeur que cette femme est sa mère, qu’il n’a pas vue depuis plus de vingt ans, depuis qu’elle a quitté la maison en laissant derrière elle son mari et son fils. Pour l’éditeur de Samuel, cette affaire est une aubaine : Samuel, qui n’a jamais réussi à écrire le roman pour lequel il avait reçu un contrat, va pouvoir écrire un livre sur sa mère! Mais Samuel ne sait absolument rien de la vie de Faye, et commence à enquêter sur son passé…
Le début des « Fantômes du Vieux Pays » m’a fait un peu peur. Je me suis retrouvée dans un roman universitaire avec un portrait d’étudiante que j’ai trouvé assez caricatural, et un humour auquel j’ai eu du mal à accrocher. Pourtant, après quelques dizaines de pages, j’ai plongé dans ce livre la tête la première, et avec délice! Nathan Hill nous entraîne dans l’histoire des Etats-Unis des années 60 à nos jours, à travers l’histoire d’une poignée de personnages : Faye et Samuel, bien sûr, mais aussi les amis de Samuel lorsqu’il était adolescent – Bethany, une jeune musicienne qui fut son grand amour et pour laquelle il a encore des sentiments, et son frère Bishop – ou encore un gamer qui tente désespérément de reprendre sa vie en main.
Nathan Hill est un excellent conteur, les passages où Samuel joue à un jeu de rôle en ligne, par exemple, sont absolument formidables, et l’auteur réussit autant à nous faire rire qu’à nous émouvoir – car il y a aussi des moments poignants dans « Les fantômes du vieux pays », notamment avec les personnages attachants de Bishop, cet adolescent qui semble n’avoir aucune limite ou l’ami gamer de Samuel. L’auteur décrit dans cette fresque historique et familiale toutes les contradictions et les ambiguïtés des Etats-Unis, avec un côté libertaire, moderne, progressiste, mais aussi un côté très conservateur, religieux, et bien-pensant. Mais il s’intéresse également aux racines – les racines du pays, l’immigration (le père de Faye vient de Norvège), mais aussi les racines familiales, à travers les trois générations de la famille Andresen: le père de Faye, Faye et Samuel. Une famille où règnent secrets et non-dits, et où les mêmes schémas semblent se répéter à chaque génération. Ainsi Samuel ne connait pas le passé de Faye et ses secrets tout comme celle-ci ne connait rien de l’histoire de son propre père.
Le livre est riche, varié, passionnant, et vraiment très évocateur. Certes, il est un peu trop long, il y a quelques baisses de régime, mais j’ai complètement adhéré à ce que proposait Nathan Hill. Ce n’est que quelques jours après avoir fini « Les fantômes du vieux pays » que j’ai tiqué sur quelques éléments : le personnage de l’éditeur qui aurait pu être plus incarné, celui de Laura l’étudiante, que je n’ai pas aimé, et puis ces mystères qui demeurent : comment Faye, à laquelle on s’attache durant l’évocation de sa jeunesse, mais aussi de sa quête des origines, a-t-elle pu abandonner son fils et ne pas lui donner de nouvelles pendant 20 ans? Mais ces faiblesses ne sont pas handicapantes, et n’ont absolument pas nui à mon plaisir de lecture.
« Les fantômes du vieux passé » de Nathan Hill est un premier roman admirable, qui m’a entraînée avec lui dans cette famille et dans les tourments de l’histoire américaine. J’ai vraiment beaucoup aimé la plume de l’auteur, qui sait être à la fois tendre et ironique, et qui a réussi à recréer aussi bien l’atmosphère d’un campus lors des émeutes de Chicago en 1968, que l’amitié entre deux adolescents à la fin des années 80 ou encore la vie tragi-comique d’un gamer complètement accro. Un beau roman américain, une valeur sûre à découvrir!
Publié chez Gallimard en Août 2017, traduit par Mathilde Bach, 720 pages.
18e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2017.
Un peu moins enthousiaste que toi, j’ai toutefois passé un bon moment à lire ce livre.
comme tu l’écris dans ton billet, je pense que chacun peut trouver son compte dans ce livre!
Bravo! Tu es passée à travers. Entre tes 5 coeurs et l’abandon de Sonia, mon coeur balance… Finalement, je vais mettre la main dessus un fois paru en poche et j’en ferai une lecture d’été.
il est à l’affiche de notre dernier Bibliomaniacs, et on est 4 à l’avoir beaucoup aimé!
C’est un grand succès en Pologne en ce moment. Je le lirai un jour peut-être.
un grand succès mérité!
oh la laaa, tu me tentes avec un pavé de plus de 700 pages!!?? rahhhhh…!
moi non plus je ne suis pas fan des pavés, mais celui-là vaut vraiment le coup !
très contente que ce roman t’ait plu :). Perso, beau coup de cœur de cette rentrée. Mais je suis d’accord avec toi sur le côté pavé qui aurait mérité facilement 100 pages de moins.
on lui pardonne, pour un premier roman, c’est un coup de maître!
Quelques baisses de régime, oui, mais pour un premier roman on ne peut que s’incliner devant l’audace (et le talent) de ce jeune auteur.
oui, quand on pense que c’est un premier roman, c’est assez incroyable!
Le meilleur de la rentrée ! Je pense qu’on lui a fait une très bonne pub, il le mérite !!
yep, il a fait l’unanimité chez les Bibliomaniacs ! et mine de rien, ce n’est pas si courant…
Sonia l’a abandonné mais toi tu as adoré ! ça aurait été sympa d’en discuter toutes les 5 autour d’un café !! bon, ton avis (et tes bémols) me font dire qu’il me le faut! je vais voir si je peux l’emprunter à la bibli – mon programme est ultra chargé mais bon moi la lectrice de romans américains passer à côté … non pas possible !
moi aussi, programme hyper chargé, là j’essaie d’écouler ma PAL de la rentrée…et boum, je vois de nouvelles sorties qui m’intéressent 😀